Ce blog constitue un recueil de témoignages issus du forum de la Fédération Francophone des Sourds de Belgique

Témoignages de personnes implantées



Re: papa deThéo 20 mois sourd profond bientôt implanté
Envoyé par: Spiff(---.cust.tele2.be)
Date: mer 27 décembre 2006 15:11:03

BOnjour Nicolas,

Je n'avais pas trop envie d'intervenir avant...
Juste pour dire que j'ai un implant cochléaire depuis pas longtemps et que j'en suis trop content.
Les résultats varient... Ca dépend de la motivation de chacun, de l'encadrement, etc.
Avant, c'était impossible de téléphoner et maintenant bien. Bien sûr, s'il y a du bruit dans la pièce, ça devient très dur, mais sinon, personnellement, si c'était à recommencer, je le referais !
Bonne route
Un implanté super heureux

Source : FFSB




Re: Débat sur l'implant
Envoyé par: Charlotte(---.brutele.be)
Date: mer 22 février 2006 17:01:08


Bonjour Bernard !

Excuse-moi de répondre tardivement.

Il y a quelques mois auparvant, j'avais déjà préparé un autre et nouveau témoignage. Oui, j'ai 17 ans maintenant.. Je grandis, j'évolue et je change au fur et à mesure que le temps passe.

De plus, il y avait aussi beaucoup de choses que je venais d'apprendre et que je ne savais pas, ce qui modifie presque complétement les autres témoignages que j'ai déjà postés.


Le voici :



Bonjour à tous,

Je m’appelle Charlotte, j’ai dix-sept ans et je suis en cinquième secondaire à l’Assomption.

Comme beaucoup d’autres, ma venue au monde a été normale.
C’est vers l’âge de cinq-six mois que les puéricultrices de la crèche où j’allais ont commencé à faire des remarques.
Il semblait que je ne me retournais pas quand elles m’appelaient.
Hop, un test d’audiologie et on découvre que je suis sourde profonde du deuxième degré donc la cause est le cytomégalovirus (C.M.V) pendant la grossesse. J’ai donc été appareillée très tôt.
Je ne sais pas ce qui s’est vraiment passé mais on a dit à mes parents que mon audition risquait de baisser vers l’âge de quinze-seize ans et ils avaient déjà pensé à l’implant.
A ce moment là, je devrais avoir quatre ou cinq ans. Un audiologiste leur a dit que ce n’était pas utile car mon audition était assez bonne avec mes appareils auditifs.

Ce qu’on redoutait est arrivé comme prévu.
Vers mes neuf-dix ans, j’entendais beaucoup moins bien.
Mes souvenirs de comment c’était, sont floues mais je me rappelle très bien mes cris ou mes hurlements car je n’avais pas le contrôle de ma voix. Sans doute peut-être parce que je ne m’entendais pas assez ?
Mes parents ont repensé à l’implant.
Ils m’ont demandé mon opinion.
Quand ils m’ont parlé de ça, ma réponse a été un grand « NON » !
Mes premières impressions avaient été la peur et l’ignorance.

Ensuite on m’a expliqué ce que c’était, à quoi ça sert et après plusieurs réflexions…
Tout au fond de moi, j’étais consciente d’avoir des difficultés à communiquer car on ne comprenait presque rien à un mot de ce que je sortais de ma gorge.
Mes défauts de prononciation étaient très présents.
J’ignore non plus à quoi c’est dû…
Je connais beaucoup de personnes sourdes qui sont comme moi mais qui arrivent pourtant à bien parler.
Peut-être que le C.M.V avait fait aussi des dégâts au niveau de l’articulation de la bouche chez moi ?
Ou bien parce que je n’avais pas passé toute ma scolarité en maternelle et primaire chez les entendants pour « m’entraîner » ? Ou bien encore…
Des questions qui resteront sans réponse. Sauf pour la première, on m’a dit que oui, le virus avait abîmé pour ce qui est de l’articulation.
En tout cas, j’ai vécu dans la souffrance du manque de communication, malgré le langage de signes et le LPC.
Peu de membres de ma famille le pratiquent.
Très vite, j’ai compris que le milieu entendant fera toujours partie de ma vie.
Je suis censée vivre dans cette société là, donc à m’adapter.
Etant d’une nature curieuse, je m’intéresse à beaucoup de choses, dont la communication avec les entendants.
Ma réponse a été oui. Je crois que sincèrement, je pensais que je ne pourrai jamais y arriver.
En gros, ce sont mes pensées de quand j’avais dix ans, un peu transformées avec le temps mais c’était ce que je ressentais.
Mes parents avaient peur pour moi, que je sois malheureuse en n’entendant rien et ne pouvant pas découvrir l’environnement sonore.
L’implantation a été faite quand j'allais bientôt avoir onze ans.

A présent, ça fait plus de six ans que je suis implantée.
Depuis, mes progrès se font de plus en plus remarquer.
On me comprend de mieux en mieux quand je parle.
Il y a la possibilité de suivre l’enseignement général chez les entendants car sans ça, je n’aurai pas pu et encore beaucoup d’autres choses.
Mais attention, rien n’est parfait !
Je déteste quand il y a des gens qui disent que l’implant, c’est une réparation de la surdité, une solution miracle !
Totalement en désaccord avec ça.
En bref, cela me met en rogne !
Mon audition n’est pas parfaite et mes défauts de prononciation sont toujours présents mais moins qu’avant.
En tout cas, quand je parle pour la première fois avec un entendant, souvent il ne me comprend pas.
Et lorsqu’on parle plus souvent ensemble, on « s’apprivoise »…
Surtout, il s’habitue à entendre ma voix, à ma façon de prononcer les mots.
Je peux parler avec les entendants sans toujours avoir besoin de ma mère ou d’une interprète ou encore de communiquer par d’autres moyens comme l’écrit par exemple. Le téléphone, la télévision, la radio, écouter une personne me parler quand elle est derrière moi, écrire en écoutant, etc…
Tout ceci est toujours impossible pour moi ! Ou si quand même un peu, mais c’est rare. Je suis heureuse comme ça…
Je ne regrette pas du tout. Je me considère toujours comme sourde. La surdité fait toujours partie de ma personnalité, de ma vie.
Le monde des sourds, en quelque sorte, c’est comme une seconde famille pour moi. Pour rien au monde, je n’aurai pas laissé tomber tout ça !
La surdité m’a permis de me construire et de vivre malgré les obstacles que je rencontre parfois.
Parfois, je me dis que c’est un cadeau qu’on m’a offert dès la naissance.
Il n’y a pas que les inconvénients, il y a aussi les avantages.

J’ai connu un copain malentendant, porteur de prothèses auditives et un jour, il a dit ceci lors d’un sujet sur l’implant : « Certaines personnes n'hésitent pas à vanter l'implant même chez les sourds qui s'en sortent avec un appareillage. J'ai subi plusieurs coups de pubs de ces personnes (…) Ils disaient " Tu verras, tu entendras encore mieux ". »
Ca me révolte vraiment. Jamais je ne ferai ça.
J’ai horreur des pubs de ce genre-là. A mon avis, ceux-là n’ont jamais vraiment accepté leur surdité.
Je ne conseille pas l’implant. A personne.
Tout ceci appartient à la personne et c’est à elle seule de voir.
Je refuse d’influencer une décision importante de telle personne.
Personnellement, c’est un peu désolant que des parents implante leur enfant très jeune car je trouve que c’est indispensable de demander à l’enfant ce qu’il en pense, comme ç’a été le cas pour moi.
Les médecins disent souvent : « Plus c’est tôt, plus c’est mieux ! » mais selon moi, c’est mieux d’attendre un peu que l’enfant grandisse, histoire de voir s’il a vraiment besoin de l’implant, comment il se sent, comment il vit sa vie, comment il évolue et tout ça.
C’est vrai que peut-être les résultats seront meilleurs quand on a été opéré jeune afin d’évoluer facilement mais rien n’est jamais trop tard quand même.
Comme je l’ai déjà dit, j’ai beaucoup de connaissances sourdes qui sont comme moi, qui ne sont pas implantés et qui pourtant, s’en sortent très bien !
Bien sûr, cela dépend des personnes car malgré notre point commun, celui de la surdité, on est différent et chacun n’évolue pas de la même façon.
Et personne n’entend de la même façon.
Encore aussi, il est important que les parents acceptent la surdité de leur enfant. Je comprends que ce n’est pas facile pour eux, surtout si un enfant sourd débarque dans une famille entendante depuis des générations !
Donc c’est important qu’ils soient informés, aussi.
Et que l’enfant apprenne à s’accepter comme il est, surtout lorsqu’il sera adolescent.
Mais il faut d’abord que les parents acceptent, ensuite l’enfant. Sans les parents, je crois qu’il aura encore plus de difficultés.

La cicatrice de l’opération n’est pas très esthétique…
Et je trouve cela dommage.
C’est bien pour cette raison que j’ai toujours des longs cheveux.
Mais pour un garçon, sincèrement, j’ignore comment il le vit.
Cela dépend des garçons en tout cas.
Et puis, qui a dit que les garçons devraient avoir les cheveux courts et ceux des filles longs ?
Enfin bon ça n’a rien à voir avec l’implant, je m’égare là.
Je n’aime pas dire aux personnes que je suis implantée car cela ne sert à rien à ce qu’elles le sachent puisque pour moi cela ne change rien.
Sauf quand c’est vraiment nécessaire ou qu’on me pose la question ou bien encore lors d’un moment où on discute de l’implant…
L’implant, ce n’est qu’une aide auditive pour moi ; il m’aide à communiquer.
Tiens, j’ai un autre exemple.
J’ai une amie sourde et quand elle a été aux USA, elle a rencontré une dame sourde assez âgée, qui était à fond dans le monde des sourds, militante pour les sourds, grande pratiquante du langage de signes, vit dans une famille de sourds et a beaucoup d’amis sourds, etc.
Elle a été très étonnée d’apprendre qu’elle était implantée !
En effet, cette dame lui a dit qu’elle est heureuse telle qu’elle est, en tant que sourde.
Elle est heureuse de sa vie, d’être sourde, de connaître le monde des sourds, le langage de signes et ça fait déjà longtemps qu’elle a trouvé sa place dans ce monde.
Mais il lui manquait une petite chose : écouter l’une des plus grandes et belles inventions de l’homme : la musique.
Elle voulait tellement pouvoir en écouter et c’est pour cette raison qu’elle s’est fait implanter.

Combien de fois j’ai vu dans les yeux des personnes sourdes ou malentendantes qu’elles sont mal dans leur peau car leurs parents n’ont jamais accepté ou qu’elles-mêmes n’ont jamais pu accepter leur surdité ou bien encore beaucoup d’autres choses ?
Ils se sentent rejetés et ils trouvent leur place nulle part, pas même dans le monde des sourds, surtout au début puisqu’ils ne connaissent pas encore le langage de signes.

Bref, l’implant, ça restera toujours un débat car il y aura toujours des pour et des contre mais il ne faut pas sous-estimer ou négliger le langage de signes, le monde des sourds, toutes ses richesses et pour finir, être informé sur le sujet et bien y réfléchir.
Ceci est indispensable pour la construction de l’identité pour l’enfant.

Et pour finir, je continue encore mon chemin dans la vie…
Peut-être que je changerai d’opinion, encore….
J’ai encore un peu du mal avec le fait s’il faut implanter l’enfant jeune ou non. C’est un sujet assez délicat…
Mais comme on dit, il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. ;)

Voilà.

Bien à vous,

Charlotte.


Source : FFSB




Le futur des sourds "implantés" a-t-il un avenir ?
Envoyé par: Charlotte(---.brutele.be)
Date: sam 18 novembre 2006 02:38:48

Je viens tout juste de rentrer chez moi après avoir participé aux conférences sur le thème : « le futur des sourds a-t-il un avenir ? »

Et je souhaite vous faire part de mes sentiments.

Certains me connaissent déjà un peu car j’ai écrit dans ce forum. Mon premier témoignage, j’avais treize ans.
Et à présent, quatre ans ont passé. Plusieurs témoignages ont été postés. En quelque sorte, vous avez la « chance » d’observer mon évolution…
Au fur et à mesure que je grandis, je change d’avis, je développe mes réflexions, etc.

Voici (encore) un bref rappel : J’ai dix-huit ans.
Je suis implantée depuis l’âge de dix ans et demi.
D’abord, parce que mon audition commençait à baisser et ma surdité risquait d’être totale vers l’âge de quinze-seize ans. Ensuite, je ne parlais pas super bien. Voire, pas du tout bien.
Ma voix ressemblait un peu à du néerlandais crié, lorsque on a un rhume.
Parce que je ne m’entendais pas, peut-être… Finalement, mes parents voulaient mon bonheur. Grande précision : ils m’ont demandé mon avis et je ne suis pas « robotisée »…
Dans ces témoignages, j’ai toujours dit la même chose : je ne parle pas « parfaitement », même si je fais des progrès et que je me débrouille de mieux en mieux.
Même implantée, je ne serai jamais entendante… je resterai toujours sourde. La surdité occupe une grande partie de ma vie, j’attache une grande importance à mes amis sourds, je n’abandonne pas la langue des signes, ni la culture des sourds, le monde de la surdité et encore plein d’autres choses….
Comme beaucoup de sourds, je suis contre le fait qu’on implante comme ça un enfant sans demander son avis ou juste parce qu’un médecin l’a conseillé, contre le dépistage prénatal de la surdité, contre la publicité des avantages de l’implant, etc.
Pour vous, j’ai peut-être l’air bien dans ma peau en disant cela. Et je continue à maintenir mes pensées sur cela. Toutefois, il y a un grand « mais ».

Benoît Drion disait qu’on ignorait les effets psychologiques que ça pouvait avoir sur l’enfant, lorsqu’il est implanté.
Ca m’a interpellé, car cela me concernait.

Yvette Thoua disait qu’implanter un enfant sourd, ce n’est pas bien. Benoît Drion disait aussi qu’il n’était pas contre l’implant, mais je trouve que son message montrait que l’implant était quelque chose de dangereux donc de négatif et nocif pour les sourds.
Je connais également beaucoup, voire énormément de personnes qui pensent du mal de l’implant, même mes meilleurs amis.
Et la plupart de ces personnes sont sourdes, bien sûr.

Je sais très bien qu’ils n’ont rien contre moi.
Ils ne sont pas d’accord avec l’idée de l’implant, c’est tout.
Malgré tout… Je vais vous dire franchement et ouvertement à tous : je me sens mal. Très mal.
Je ressens un profond malaise tout au fond de moi, avec ce sujet là. J’avoue que je suis en train de vivre un problème d’identité.
Je trouve ma place nulle part. Je me considère comme bilingue et biculturelle, mais comme je ne me sens pas bien chez les entendants, ni chez les sourds… donc je suis dans une position marginale.

Je me tâte la tête.
Et je touche mon implant.
Cet inconnu…
pas naturel
que on m’a mis dans la tête.
C’est vrai, ce n’est pas esthétique.
Et ce n’est pas très agréable à toucher.
Heureusement que mes longs cheveux sont là pour cacher cela.
J’ai une peur bleue pour la prochaine opération…
Car on l’a dit, tous les dix ans, on change.
Mais je ne sais pas si cela se réalise réellement vu que ça ne m’est pas encore arrivé…
J’ai aussi peur que mon implant tombe en panne.
Qu’est-ce qui se passera ?
J’ai également peur que si, jamais, il y a de nouveau une opération, c’est que celle-ci échoue… Normalement, je n’ai aucune raison d’avoir peur pour cela vu que mon opération a très bien réussi et que je n’ai jamais eu de problèmes jusqu’à présent mais tout peut arriver !
Et je me demande également ce qui va se passer.
En plus, les sourds, en général, sont contre l’implant.
Moi, je suis sourde. Et implantée.
Je ne peux pas cacher que cela m’affecte.
Je me sens anormale, parmi tous ces sourds…
Parfois je me dis : « Pourquoi faut-il que je fasse toujours des efforts, hein ? Et pas les entendants ? C’est plutôt à eux d’apprendre la langue des signes, non ? »
Et parfois aussi, il m’arrive d’avoir des pulsions du genre : « et si je ne décide de ne plus d’avoir d’implant, à la prochaine opération ? Et si je décide de l’enlever ? ».

Mais si je l’enlève, c’est de l’argent jeté dans la poubelle, même si tout est remboursé par la mutuelle, mais c’est aussi jeter des années d’évolution…
Sans l’implant, je ne m’en serai pas sortie.
Je vais sans doute me faire lyncher pour avoir dit cela…
Mais je connais des sourds « pires que moi » (je n’aime pas dire cela car c’est péjoratif à leur égard même si ce n’est pas mon intention mais je ne vois pas comment exprimer cela autrement donc excusez-moi !).
C’est-à-dire qu’il y en a qui parlent très mal, qui n’entendent rien du tout et qui ne mettent même pas d’appareils, etc.
Malgré tout, ils se débrouillent bien dans la vie, ils arrivent à communiquer même s’il y a des difficultés, etc.
Et ils prennent des interprètes au cas où… Je sais que tout dépend chacun de leur évolution, éducation, etc.
Et tout le blabla. « Je ne m’en serai jamais sortie sans l’implant », je veux dire par là qu’aujourd’hui, peut-être, je n’aurai pas pu pouvoir aller en intégration avec les entendants… je n’aurai jamais pu vraiment communiquer avec ma famille (je suis la seule membre sourde de ma famille), je n’aurai pas…
Bref beaucoup de choses, quand même.
Mais la grande question qui restera éternellement sans réponse, c’est qu’on ne sait pas ce que je serai devenue aujourd’hui, si je n’étais pas implantée.
Je suis implantée maintenant, je suis comme je suis avec mon implant et il faut me prendre telle que je suis, il faut vivre dans le présent et pas dans le passé, …
Et puis, avec des « si », on refera le monde…
Je me sens mal quand même, quand je vois tous ces sourds qui ont réussi, malgré tout.
Et que peut-être j’en aurai été capable, mais je ne le saurai jamais.

Puis, je suis dépendante de mon implant, ça, Benoît Drion le disait et cela est vrai.
Surtout pour la communication avec les entendants, en fait.
L’implant m’aide beaucoup dans ce domaine-là, car je ne suis pas très forte en lecture labiale.
Et la musique ! Je ne peux pas m’en passer. J’aime en écouter.
Puis la voix anglaise des acteurs qu’on entend lorsqu’on regarde un film V.O avec sous-titres, cela met de l’ambiance… Etc.
Mais je peux aussi m’en passer. Je n’aime pas mettre tout le temps l’implant, car j’aime aussi « écouter » le silence.
Mais je ne supporte pas de rester dans le silence pendant plus de trois jours parce que mon moral dépérit après… sauf quand je suis avec mes amis sourds et que j’ai tout le temps du « visuel animé » dans mes yeux.
Comme au CREE par exemple, il m’est déjà arrivé de passer dix jours dans le silence. Quand j’oublie de mettre mon implant en partant précipitamment à l’école… l’interprète en langue de signes « remplace » l’implant.
Lorsque je suis en récréation avec les entendants ou que je sors avec mes amis entendants, j’ai énormément de difficultés à communiquer avec eux.
Surtout quand je suis allée à la piscine avec eux… L’implant m’a apporté des choses. Cela a été positif pour moi, même si je ne parle pas « parfaitement » et puis, comme je l’ai déjà dit, je reste sourde malgré tout.

Avec les inconvénients de l’implant qu’il y a et mes peurs, je n’ose pas imaginer ce qui se passera si je n’ai plus d’implant…
Maintenant, j’avoue que je comprends mieux les entendants qui ont peur de devenir sourd.
Mon implant, je sais comment c’est, j’ai « entendu » avec.
Et si je n’en ai plus, cela va être un grand changement… déjà avec ma prothèse auditive, j’entends beaucoup moins, voire mal.
J’ai le sentiment que je peux surmonter cela vu que j’ai déjà surmonté d’autres choses. Cela demande des adaptations, c’est tout.
Ca, je l’ai vu chez les sourds qui n’ont pas d’implant ou d’appareil auditif, etc. Mais la musique ?
Et les autres qui ont mis tant de temps à s’apprivoiser à moi ? Beaucoup de questions de ce genre là….
Cela va être difficile, déjà que j’ai mes tourmentes d’adolescente qui n’ont rien à voir avec la surdité et j’ai l’impression que je vais mettre longtemps à m’en sortir... Que bref, je serai toujours comme ça.

Je ne sais même pas si je suis réellement sourde.
J'ai des doutes sur mes choix.
Je ne sais pas où est ma place.
Je me sens perdue, incomprise.
J’ai l’impression d’errer dans le néant…
Celle aussi de ne pas avoir d'avenir.

Ah oui, vous ne me verrez jamais dire « Waouuuh l’implant, c’est suuupermégagénial ! » comme cette mère, fière de sa petite fifilleuuuh sourde et implantée tout en vantant ses exploits et surtouuuuuuuuuut qu’elle sait joooouer du violon mais encore une fois, je n’ose pas imaginer ce que va devenir sa chériiiiiie lorsqu’elle aussi, aura sans doute un problème d’identité ou psychologique. Génial. Hein. Hum. (*ironique* pour ceux qui n’auront pas compris)



Je suis quoi, moi ? Une extraterrestre ?



Source : FFSB




Re: Le futur des sourds "implantés" a-t-il un avenir ?
Envoyé par: Audrey--- (---.univ.trieste.it)
Date: mer 22 novembre 2006 18:13:38

Salut!

Le témoignage de Charlotte m'a interpellée, je me reconnaissais dans certains passages, et je tenais à vous faire part de mon point de vue, de mon expérience.

Alors, tout d'abord, je me présente: je m'appelle Audrey, j'ai 19ans,donc tout juste 1an de plus que Charlotte, mais je suis implantée depuis mes 7ans...
hé oui, vous avez bien calculé, ça fait mnt 12ans, pour ainsi dire une éternité, que je l'ai, cet implant...
Et non, je n'ai jamais été réopérée une seconde fois et mon implant fonctionne tjs bien, voilà c'était la première rectification que je tenais à apporter au temoignage de Charlotte, donc Charlotte ne t'inquiète pas déjà maintenant pour des problèmes techniques qui ne surviendront peut-etre jamais....

Moi, je suis sourde profonde depuis ma naissance, et les prothèses ne m'apportaient pas grand chose, c'est pourquoi mes parents ont pris la difficile décision de m'implanter à 7ans, ATTENTION, je précise: on m'a aussi demandé mon avis, mais vous me direz qu'à 7ans on n'a pas conscience de toutes les conséquences qu'une telle opération peut impliquer, et vous n'avez pas tort...
Enfin, quoi qu'il en soit, je ne le regrette nullement, OUI moi je le dis, je suis satisfaite de mon implant, il m'a apporté énormément dans la vie, il m'a permis d'avancer, et de réussir.

Comme Charlotte, je ne parlais pas, et maintenant, grace à lui, je parle "bien", bref, tout le monde me comprend sans problèmes, j'ai acquis une certaine autonomie, et je peux m'intégrer sans problèmes dans le monde des entendants, d'ailleurs j'ai toujours éTé dans une école normale, et donc la plupart de mes amis sont entendants.

Mais, je le sais, et je me sens toujours et encore toujours sourde, c'est mon identité première, je parle la langue des signes depuis toute petite, et j'ai aussi des amis sourds.

Bref, comme le dit si bien Charlotte, "Même implantée, je ne serai jamais entendante… je resterai toujours sourde. La surdité occupe une grande partie de ma vie, j’attache une grande importance à mes amis sourds, je n’abandonne pas la langue des signes, ni la culture des sourds, le monde de la surdité et encore plein d’autres choses"
Je ressens exactement la meme chose, dans le monde des sourds, je peux m'abandonner totalement, ne plus devoir me concentrer sur ce que l'autre dit, et toutes ces contraintes qui, rien à faire, sont toujours là dans la communication avec les entendants...

Parce que souvent, en tout cas, j'en ai l'impression, et c'est pourquoi les sourds sont contre l'implant, on croit que les implantés deviendront des pseudos-entendants, des pales copies d'entendants et renieront leur identité sourde.
C'est pas du tout mon cas, ni celui de Charlotte, il me semble, et de beaucoup d'autres...
Mais j'ai eu la chance d'avoir eu des parents (entendants) qui m'ont appris la langue des signes depuis toute petite, j'ai eu la chance d'avoir grandi dans les deux langues.

Moi, je me sens bien dans ma peau, OUI, très bien meme, mais cela n'a pas toujours été le cas, en effet, quand j'étais ado (enfin vers 12-14ans), j'avais aussi du mal à me positionner par rapport aux deux mondes, je préférais le monde des entendants car c'était celui de mes amis, de mon école, de ma famille, bref de tout mon entourage, mais je me rendais bien compte que, malgré l'implant et tous les progrès que je faisais, je restais SOURDE, j'étais pas comme les autres, et à cette période, (je vais en faire frémir certains) mais je ressentais la surdité comme un HANDICAP, et je ne désirais rien de plus que de devenir entendante, d'etre "normale", bref comme les autres!
Mais je connaissais des sourds, car il y en avait à mon école et j'en croisais dans les couloirs du centre pour sourds, je communiquais avec eux dans notre langue, bref j'ai jamais rien eu contre eux, mais je ne sais pas, je voulais vraiment devenir entendante, maintenant, est-ce qu'il faut la mettre, cette "crise" d'identité sur le compte de l'implant???? Je ne sais pas, et on ne le saura jamais, pcq chacun est différent...

Après un certain temps, j'ai eu, comme un déclic, j'ai réalisé que ça ne servirait à rien de continuer de me lamenter sur mon sort, ça ne me mènerait nulle part, je suis sourde et je le resterai toute ma vie, donc j'ai essayé d'entrer davantage dans l'autre monde, celui des sourds, dans lequel j'avais déjà un pied, je le connaissais, je le fréquentais, mais je n'étais pas DEDANS, je connaissais la langue des signes, mais pas la culture des Sourds, je suis donc entrée dans ce monde, où je n'ai pas tout de suite été bien accueillie, mais ça n'a pas duré, je me suis vite intégrée, et ce monde m'a apporté la paix, désormais je me sens bien dans ma peau, je partage ma vie entre les deux mondes, biculturelle et bilingue, et je ne ressens pas le besoin de devoir me positionner dans l'un OU l'autre, j'ai les deux, et tant mieux!
Ma langue des signes n'est pas parfaite, rien à faire, j'ai grandi dans le français signé et c'est dur de se débarrasser des mauvaises habitudes, enfin, je ne perds pas patience, et je continue d'apprendre, chaque jour :)
En ce moment, je me suis attaquée à la langue des signes italienne comme je suis en Italie, en Erasmus.

Bien sur, des sourds sont contre l'implant, dont certains de mes amis, mais cela ne pose aucun problème pour moi, chacun son opinion après tout, à chacun sa vie, son expérience etc.
Pourquoi se focaliser là-dessus?
Certains n'ont remarqué que bien aprés que j'étais implantée, et la situation n'a pas changé...
Charlotte, je pense que tu dois trouver la réponse à ton problème psychologique en toi-meme, réfléchir où se trouve vraiment ta place, dans l'un ou l'autre ou dans les deux, et pourquoi réellement tu te sens mal dans le monde des entendants, et dans celui de sourds.
A cause de ton implant tu crois? Ou à cause du regard des autres?
Il faut s'affirmer, aussi bien dans le monde des sourds, en tant qu'implantée, que dans le monde des entendants, en tant que sourde.

Mais je dois aussi avouer que je suis complètement dépendante de mon implant, comme un entendant de son oreille.
S'il se casse, si le dispositif à l'intérieur est foutu, franchement, je me sentirais mal.
Parce que j'ai connu ce que c'était d'entendre, parce que j'ai pris gout à l'autonomie que mon implant m'a permise dans le monde des entendants, je peux converser avec n'importe qui (quasi), c'est agréable, je dois l'avouer, agréable de comprendre par soi meme sans devoir recourir à une interprète, ainsi je peux m'intégrer plus aisément dans un groupe d'entendants, bref...
L'implant m'a permis de me sentir bien dans le monde des entendants, qui, rien à faire, reste la majorité, et rien que pour ça, je lui en suis reconnaissante, et donc à mes parents.

Je suis incapable de passer une journée sans, parce que j'en ai besoin, comme je VIS dans le monde des entendants.
Si je suis avec des sourds, ou avec ma famille, ou chez moi, je peux sans problème l'enlever, le silence ne me dérange pas, j'ai vécu avec tellement longtemps.
En fait, si mon implant se cassait, ce qui me manquerait, ce ne serait pas les bruits, la musique, etc non, mais je ne pourrais plus communiquer avec les entendants, du moins pas aussi facilement.

En fait, vous l'avez compris, mon expérience ressemble beaucoup à Charlotte, je me suis reconnue dans son témoignage, et j'ai voulu lui répondre pour lui faire part de mon expérience, pour lui dire que... je ne sais pas... j'espère tout simplement que mon témoignage l'aidera...

Si je devais me positionner par rapport à l'implant, je dirais que je suis POUR, mais à condition que l'enfant apprenne aussi la langue des signes et aie des contacts avec des sourds, qu'il soit dans les DEUX mondes dès le début, et je suis POUR l'implantation (je vais me faire tuer là, bah tant pis) tot, pour moi la majorité c'est trop tard...
MAIS SEULEMENT lorsque les prothèses ne peuvent rien apporter à l'enfant, ou pas assez, et que l'implant soit la seule solution.
C'est une décision qui doit etre bien murie, bien réfléchie.
Pour au moins donner une chance à l'enfant d' "entendre", s'il le veut, il pourra toujours l'enlever après..
Mais je suis contre qu'on implante comme ça les enfants, automatiquement. En fait, je suis ni pour ni contre, chacun est libre de choisir.
Enfin... quel débat! Et j'ai pas envie d'entrer dedans...

Bonsoir!!!!!


Source : FFSB





Re: Le futur des sourds "implantés" a-t-il un avenir ?
Envoyé par: Charlotte(---.brutele.be)
Date: lun 27 novembre 2006 19:00:11

Tout d'abord, merci aux messages encourageants qu'on nous a adressés, merci à Marie-Florence, à Audrey et aux autres aussi.

Evidemment que vous pouvez prendre les témoignages comme l'a dit Marie-Florence, tout en nous disant où ils vont.

Tout d'abord Audrey, je ne suis pas vraiment d'accord avec toi lorsque tu dis que cela fait 12 ans que tu es implantée et que tu n'as pas dû subir une nouvelle intervention chirurgicale pour remplacer l'implant ou que tu n'as jamais eu de problèmes...
Les risques sont et seront toujours là.
Si tu n'as pas peur, tant mieux pour toi.. mais moi, je pense que je dois apprendre à vivre avec cette peur, les risques qu'il y a..
Malgré tout, je pense aussi que cette peur m'aide car en quelque sorte elle "m'aide" à me préparer au cas où et comme ça, peut-être que je paniquerai moins..
On ne sait jamais ce qui va nous arriver par la suite.

Ensuite, j'ai déjà pensé la même chose que toi, lorsque tu parlais des prothèses auditives.. en disant que c'était le même "principe" que l'implant or non, ce n'est pas vraiment la même chose...
Même si Marie-Florence dit qu'avec ses prothèses auditives numériques, elle entend presque comme s'elle avait un implant.
Seulement voilà.. l'implant nécessite une intervention chirurgicale alors que les prothèses auditives, non.
L'implant comporte beaucoup plus de risques...
On doit ouvrir le crâne d'un sourd et c'est dangereux.
Voilà, en résumé, ce qu'a dit Arnaud.
Je sais que cela paraît bizarre que je le dise, alors que je suis moi-même implantée, mais je ne vais pas me justifier...
Donc je ne changerai pas d'avis sur le fait que je suis contre l'implantation de l'enfant sans qu'on puisse lui demander son opinion.

Mais avec ce que tu viens de dire, Audrey, je me pose une question pour l'instant... Faut-il rester humain à 100% ?
C'est-à-dire, vivre totalement au "naturel" sans qu'on ait quelque chose "de pas humain" qui soit là pour nous aider à mieux vivre ?
Il n'y a pas que l'implant ou les prothèses auditives où c'est "soi-disant pour aider les sourds"..
on essaye aussi d'aider les gens qui ont perdu un membre du corps, un bras par exemple, en remplaçant celui par un faux bras en robot.. on essaye aussi d'aider les gens qui ont d'autres types d'handicaps..
je me suis demandé pourquoi on faisait cela et j'en suis venue à la conclusion que le vrai problème, c'est la société, car elle ne s'adapte pas à nous et que nous sommes obligés de s'adapter à elle.
Evidemment, si tout le monde connaissait la langue des signes sur terre ou que la musique s'adaptait aux sourds, il n'y aurai jamais eu de problématique sur l'implant ! Peut-être même que cela n'aura jamais été créé...

Comme Marie-Florence, j'avoue aussi que j'éprouve un certain recul pour ceux qui s'en sortent trop facilement.. ou qui fuient le problème.
On le voit, avec les parents entendants, affolés d'apprendre que leur enfant est sourd, hop on l'implant et le problème est résolu.
Pareil que pour les autres genres de problèmes...
Hélas, on prend toujours ce qui est le plus facile.
Pourquoi ? Car on craint de ne pas pouvoir s'adapter à la société.
Tout comme les parents qui craignent que leur enfant ne puisse pas s'adapter à eux, à la société, d'être heureux ou qu'ils et leur entourage craignent de ne pas pouvoir s'adapter à leur enfant.

Je dévie le sujet, là.

Fabienne, je pense aussi qu'un débat est une bonne idée, mais malgré tout, je crains de me faire rejeter ou que certaines personnes se font rejeter lors de ce débat...
Donc en même temps, je ressens également un recul par rapport aux débats car ne l'oublions pas, les sourds en général, ont du mal à sentir l'oralisme.
Alors que 95% d'enfants sourds naissent de parents entendants.
Tu as raison, les choses n'ont guère avancé, même si je n'étais pas encore née, il y a 25 ans !
Et je me demande si les débats aboutissent vraiment à quelque chose...
Je l'ignore, le tout est d'essayer mais actuellement, le plus urgent, c'est un débat avec la ministre Fonck vu qu'elle s'y connaît rien en culture sourde. Ca tout le monde l'a déjà compris, je pense.
Mais bon, pour que cela fonctionne, il faudrait que tout le monde soit ouvert d'esprit et ce sera le pied. Malheureusement, ce n'est pas toujours le cas...


Quant à moi, je sais que je m'en sortirai.
Sauf que ce n'est pas le cas maintenant...
Mais un jour, je me sentirai bien malgré le fait que je sois implantée, malgré le fait que beaucoup de gens font un foin autour de l'implant.. etc, bref.
J'avoue que je n'ai pas vraiment envie de développer mes pensées sur moi-même, car cela devient plus personnel... Merci encore à Candice et aux autres.

Source : FFSB





Re: Le futur des sourds "implantés" a-t-il un avenir ?
Envoyé par: Audrey---- (---.univ.trieste.it)
Date: jeu 23 novembre 2006 17:59:21

Pour répondre à Marie-Florence, je suis d'accord avec toi qu'il faut s'occuper de la communauté sourde, mais POURQUOI tout le monde pense que implant=oralisme, et abandon de la culture sourde?
Y a des sourds qui ont des prothèses et qui entendent super bien, qui se débrouillent super bien ac les entendants, et qui sont complétement oralisés, et on n'en parle jamais! pourtant ils sont beaucoup! et d'autres super impliqués dans les sourds, et on ne leur reproche jamais rien, alors pourquoi tout le monde est contre l'implant???
Alors il faudrait aussi supprimer les prothèses car elles visent aussi une meilleure intégration dans le monde des entendants, c'est aussi une "solution" à la surdité, alors pourquoi on s'acharne sur l'implant?????
Y a aussi des gens implantés qui parlent mal, c pas une solution miracle!

Le VRAI problème, aussi bien pr les prothèses que pour l'implant c'est qu'il faut promouvoir l'apprentissage de la langue des signes, et la culture des sourds, etc, que l'enfant ne perde pas de vue l'autre monde...
Et dire aux parents qu'ils esperent surtout pas que leur enfant deviendra entendant ac l'implant, leur faire prendre conscience que leur enfant EST et restera toujours SOURD.
Et surtout s'occuper de la communauté sourde, de l'enseignement dans les écoles pour sourds notamment.

Qui porte vraiment l'essence de la langue des signes? ce sont les enfants de parents sourds, et ils sont MINORITAIRES...

Désolée mais pour moi, implant ou prothèses ça revient au meme...
C'est toujours le meme système, le meme objectif, etc

Ah ben oui, pe que je me serais bien debrouillée, meme sans, mais aussi pe pas... Ici n'est pas la question...

Enlève tes prothèses, car je suis sure que tu en as, car c'est une solution qui ne vise que l'intégration dans la société et qui opprime les sourds.
Ainsi tu nies ton identité, voilà ce que je dirais si je suivais ton raisonnement...

Et pour répondre à Bernard, non je ne comprends que dalle dans un groupe, mais je voulais dire que j'ai plus facile de m'intégrer, et on s'intègre toujours dans un groupe lol donc voilà...


Source : FFSB






Re: intégration des enfants sourds ou insertion des devenus sourds
Envoyé par: Artou(---.pt.lu)
Date: jeu 16 février 2006 17:22:27

Bonjour,

Je vais essayer de participer un peu.

Tout d'abord, je suis un devenu-sourd implanté auditif et je me suis expatrié au Luxembourg, je suis Français d'origine.
Sous total à 16 ans, et j'ai maintenant 23 ans.
Je raconte un peu mon expérience personnelle.

Mon insertion en France en tant que devenu-sourd s'est passé tant bien que mal.

Lors de ma scolarité, à la découverte de ma surdité, je me suis senti trés isolé, trés seul, j'ai perdu tout ce que je me suis crée étant entendant.
Je me sentais être un propre inconnu dans un monde inconnu.
Mais mon admission en école spécialisé mixte (où cohabite entendant et sourd) m'a permis de découvrir ce nouveau monde, je m'y suis peu à peu inséré sans trop de problèmes.

Mon insertion sociale dans la vie active à un peu plus compliqué les choses, ma peur d'aller vers les autres n'était pas une sorte de timidé mais surtout un peu de ne pas être compris et de ne pas comprendre et donc de tomber dans la honte.
Car à cette époque, à chaque fois que personne ne me comprennait et que je ne comprenais pas, j'en avais honte, je voulais me cacher le plus loin de tout possible.

En tant que devenu-sourd, je m'insére assez difficilement dans le monde entendant/sourd.
Ma dificulté à m'insérer dans le monde des entendants vient du fait que je suis sourd, malgré mon implant auditif, j'ai trop de mal à accepter cette audition artificelle, incomparable avec l'audition que j'avais dans mon enfance. Et pour l'insertion dans le monde des sourds, c'est le contraire, j'ai été entendant et j'ai encore du mal à m'accepter en tant que sourd.
Ce qui fait que j'ai autant de mal à parler avec des sourd qu'avec des entendants (mais je me débrouille !)

Maintenant, mon intégration au Luxembourg est encore plus difficile qu'en France, ici, je me dis que beaucoup de gens ne sont pas sensibilisé au problème des sourds. Ce qui fait que je me sens encore plus isolé mais n'étant pas une personne à tout laisser tomber, je me bats pour que la communication avec mes interlocuteurs passent (je leur crie dessus).
C'est aussi pour ça que j'ai envie de faire quelques choses au Luxembourg, me battre pour la reconnaissance des sourds au Luxembourg, que les gens puissent se dire que le pays n'est pas fait que "d'entendants".

Pour répondre un peu à Dereumau, vers mes 14 ans, j'entendais encore donc j'ai porté un appareil auditif, il a été remboursé par la Sécurité Sociale.
Mon implant auditif a été complétement pris en charge par l'hôpital.
Mes parents touchaient l'Allocation d'Education Spécialisé mais à 18 ans, j'ai touché l'Allocation Adultes Handicapés à mon tour.
En ce qui concerne les aides, je suis souvent passé voir une assistance sociale de la CPAM pour qu'elle puisse m'accorder des aides financières en vue de l'acquisition d'appareils (avertisseur de porte etc.) mais ils n'ont payé qu'une partie de l'achat.
Voir la surdité comme étant une maladie est un peu exagéré, la définition de handicap et de maladie est différente. Je suis sourd atteint d'une maladie ;-)
La réaction de mon entourage, quand je suis devenu sourd, c'est qu'elle l'a mal accepté, elle revoit en moins la personne qui entendait sans regarder en face la réalité, c'est un peu pourquoi je suis parti de chez ma famille, pour qu'elle me laisse évoluer et pour ne pas subir leur refus d'avancer.

C'est mon expérience perso, je ne peux pas répondre à la place des autres ;-)

Bonne journée !

Artou
www.artou.net

Source : FFSB






Re: avis des Sourds sur la communication avec le personnel soignant
Envoyé par: Artou(---.pt.lu)
Date: jeu 16 février 2006 16:41:38

Bonjour à tous,

Tout d'abord, une petite présentation : je suis un devenu-sourd à l'âge de 16 ans par maladie, je me suis fait implanté (implant auditif) quelques mois après.

La communication avec le personnel soignant est plus ou moins facile, tout dépend de la bonne volonté de l'interlocuteur.

Lors de mes hospitalisations, j'ai pu remarqué que certaines infirmières rendait ce métier encore plus joli à mes yeux car elles étaient pleines d'humanités et d'amours, et n'avaient aucune envie de me laisser souffrir seul.

Nous communiquions le plus souvent par écrit, le papier n'était certes pas à leur disposition dans ma chambre d'hôpital mais les infirmières possédant toujours un stylo dans le poche de "chemises", un bout de mouchoir suffisait.
Cette confiance m'a également permis de pouvoir, au fil du temps, lire sur leurs lèvres quand elles me parlaient, ça ne se passait pas si mal mais les sourds étant des êtres déductifs, comprendre quelques mots me suffisait à me faire la phrase.

Je pense donc que la bonne communication patient sourd-personnel soignant se base surtout sur la confiance.
Un personnel soignant ouvert et humain prime aussi.


Source : FFSB





Re: Dialogue de sourds
Envoyé par: L'implant (---.244.81.adsl.skynet.be)
Date: sam 4 février 2006 20:29:33

Tu te trompes en disant que les sourds veulent ressembler aux entendants en s'implantant, au contraire! Je suis moi-même implantée, et je ne le regrette nullement, je ne m'en sens pas pour autant moins sourde, simplement l'implant m'a permis d'acquérir plus d'autonomie dans notre monde, à majorité entendant, de pouvoir communiquer facilement avec un plus grand nombre de personnes possible...
Pourquoi devoir choisir implant et monde d'entendant OU monde des sourds? On peut très bien concilier les deux, mon implant me permet d'entendre, et donc de parler avec les entendants, et d'un autre côté, je pratique très régulièrement la langue des signes avec des jeunes Sourds que je retrouve souvent.


Source : FFSB





Re: Dialogue de sourds
Envoyé par: Caroline(---.240.81.adsl.skynet.be)
Date: dim 15 janvier 2006 11:04:45

D’abord, je me présente : je suis sourde profonde pré-linguale (et donc, ayant acquis la parole), appareillée à l’âge de 6 ans (par choix de mes parents, oui, oui !), intégrée depuis toujours dans des écoles ordinaires, exerçant mon métier d’institutrice en milieu entendant…
Dame Nature, pour qui j’ai énormément de respect, a fait que ma surdité soit évolutive…
Très résistante à « contrecarrer ce que la vie nous enlève naturellement », j’ai réfléchi pendant 4 longues années, posément, minutieusement (Suis-je un pantin ? Un cobaye ? De quoi ai-je envie : entrer dans le silence que je ne connais que lors du retrait de mes appareils… ou quitter petit à petit « l’entendance » - et tous ses merveilleux repères sécurisants ?)…
Et finalement, j’ai pris la décision que je pensais ne jamais prendre : me faire implanter !
Un choix personnel : je savais de quoi j’avais besoin !!!
Et j’ai redécouvert la Vie…, le plaisir de partager et de communiquer !
Alors, je ne pouvais rester insensible au message d’exoseth….

Que de « je ne comprends pas… » !!!

Pourtant, pour satisfaire notre besoin d’être reconnu en tant qu’être humain, tous, mais tous, nous cherchons à communiquer, à être en lien…
Réfléchissons…
- être en lien avec l’autre suppose que je dois le reconnaître, et …le reconnaître différent, …car tous, nous sommes différents, quelques soient ces différences.
- être en lien avec moi-même suppose que je vais écouter mes émotions, mes sensations et, surtout, leur accorder une place, même celles jugées négatives par la « morale »…
- et enfin, être en lien à la fois avec moi-même et avec les autres, c’est ce qui fait la richesse de la communication : j’apprends les autres qui sont également ceux par qui j’apprends sur moi-même… Il y a formidable interaction !

Alors, si cet autre nie notre différence, la réalité de cette différence, ( « Je ne considère pas l'handicap, pour moi ca n'existe pas... » ), si nos difficultés sont niées, …comment communiquer ?

C’est oublier l’espoir qui anime la personne sourde qui croit aux liens d’Amour, car il est poussé par la volonté de communiquer, pour être reconnu, tout simplement : le sourd suscite des mouvements, des tentatives vers l’autre…il cherche à s’intégrer…
Par le biais de la lecture labiale, du langage des signes, … et même de moyens qu’offre la technologie : tous types d’appareils auditifs mais aussi d’appareils aussi anodins qu’un réveil vibrant, un fax, etc …

Dans notre monde pas si obscur, il est des entendants qui croient aussi aux liens d’Amour et qui ne nient pas la réalité de la différence : ceux-là même se tournent vers les personnes sourdes et mesurent l’importance de la communication : ils veillent à bien articuler, apprennent le langage des signes, proposent des sous-titres à la télévision…mais aussi font des recherches technologiques…pour améliorer le quotidien !
Tous ces chercheurs tentent-ils de supprimer la « non-conformité" au modèle de base, tentent-ils de normaliser à l'idéologie de masse, celle qui domine... de faire rentrer dans une sorte de moule auquel il faut appartenir... ??? Ou répondent-ils à un besoin des personnes sourdes, celui d’avoir le droit et le choix d’entendre ?

Nous sommes des êtres de langage : pour exprimer notre pensée, nous avons tous recours à des gestes, des mimiques (et au langage des signes, pour certains !), nous avons recours à l’écriture (que de journaux intimes, que d’articles et de livres partagés !)…

Mais nous n’avons pas tous recours à la parole, cet autre moyen d’expression de soi…


Alors, faut-il en vouloir à ceux qui choisissent d’introduire un corps étranger (appareillage externe traditionnel ou implant cochléaire interne) afin d’entendre et de se donner plus de chances d’entrer en communication avec les autres par la parole ? ( « Pourquoi les sourds cherchent-ils tellement à ne pas être sourds, à s'implanter, à utiliser des appareils auditifs... »)

Tout simplement parce qu’ils cherchent à s’exprimer ?
N’ont-ils pas le droit, la liberté de faire ce choix qui leur est offert ?
Nous touchons ici aux besoins d’autonomie et d’intégrité…
N’ont-ils pas le droit de saisir cette solution qu’ils jugent capable -si pas d’enrayer- de diminuer cette souffrance, cet isolement dans lequel ils sont murés ou amenés à être murés : Car il s’agit de souffrance ! Faut-il nier la souffrance sous prétexte qu’elle est vaine et fait partie de tout un chacun ?
Et, j’ajouterai que oui, tout le monde, sans exception, est amené à vivre la souffrance de l’isolement, le fait de ne pas être compris…

Et, j’ajouterai que c’est cette Vérité même que nous devons tous accepter, entendants et sourds, en ce qui concerne ce débat éthique : LE BESOIN de reconnaissance de chaque souffrance …

Et, pour mieux se comprendre et mieux être compris, communiquons davantage…Pourquoi ne pas utiliser les moyens que nous jugeons bons, même technologiques ?

Candice, « maman entendante et heureuse d'un enfant sourd heureux et gai » dit très justement qu’il est important de « rester en accord avec soi même sans tenir compte,ni de "l'idéologie dominante", ni des idéologies minoritaires si elles sont intolérantes et arbitraires. "Aimer les autres" implique aussi de respecter leur complexité et leurs ambivalences même si on ne les comprend pas »

Ne pas communiquer en s’isolant des autres, c’est aussi, contrairement à ce que beaucoup croient, se retirer des chances de mieux se comprendre, soi !!!

Quant au Silence, à la Paix Intérieure, l’éternelle quête de tout un chacun, elle SERA lorsque nous reconnaîtrons nous-même nos propres besoins (personnels) et lorsque nous en prendrons vraiment soin…

Je cite : « « commençons par cultiver la paix à l’intérieur de nous-même. Elle se propagera ensuite par rayonnement : la paix, c’est contagieux ! »
(Thomas d’Ansembourg, « cessez d’être gentils, soyez vrai ! » être avec les autres en restant soi-même, les éditions de l’homme, p.236)

PS : Une petite parenthèse révélatrice : « mais pourquoi certaines personnes optent pour des lunettes rien que pour mieux voir ? Ne savent-ils pas qu’on ne voit qu’avec le cœur ??? » N’est-ce pas …un peu absurde, comme raisonnement ?


Source : FFSB




implant cochléaire
Envoyé par: Ghislaine(---.w80-9.abo.wanadoo.fr)
Date: jeu 18 août 2005 19:24:39

Bonsoir , je suis toute nouvelle pour écrire sur le net, mon fils m' a donné quelques base aussi je m'excuse si il y a des erreurs de frappes.
J'étais sourde de l'oreille droite depuis mon enfance,et depuis 3 ans on m"a trouvé un neurinome de l'acoustique sur l'oreille gauche,'(tumeur).
J'ai du subir 30 scéances de radiothérapie car le professeur qui me suivait à l'époque me disait qu'elle aller sécher, mais malgré ce traitement elle a continué de grossir et je perdais l'équilibre, je n'entendais presque plus, j'ai consulté d'autres médecin en allant à Paris voir d'autres professeurs et pas de chance pour moi je suis devenue à 45ans sourdes.
Il y a maintenant 6 mois ont m'a opéré de ma tumeur en sachant que c'était la surdité totale qui m'attendais, un des 4 professeurs qui m'opéraient a voulu m'implanter sur l'oreille droite qui n'avait pratiquement jamais entendue.
Et cette opération qui avait trés peu de chances de réussir est entrain de demarré,j'entends mais je suis au tout début de cette longue guérison, mais j'y crois pour moi,mes fils et surtout pour mon mari qui a eu un cancer de l'estomac.
Je sais que je vis des moments avec des hauts et des bas mais je suis bien suivie et je ne remercierai jamais assez tous les professeurs,les médecins,les infirmiers qui me suivent.
Merçi aux personnes qui liront mon messages et voudront bien m'écrire, car c'est pour moi la seule façon de correspondre.
Milles fois merçi d'avance.


Source : FFSB





Re: Implant : besoin de conseils
Envoyé par: Françoise(81.243.165.---)
Date: lun 25 juillet 2005 11:13:28


Je ne puis que vous conseiller de consulter ce site.
Vous y trouverez la réponse à la plupart de vos questions et vous pourrez y avoir des contacts avec d'autres parents d'enfants implantés ou candidat à l'implant.

[www.implant-cochleaire.com]

Françoise Raach
porteuse AVEC SUCCES d'un implant cochleaire NUCLEUS ESPRIT 3 G


Source : FFSB




Re: Implant cochléaire
Envoyé par: Ghislaine(---.w193-248.abo.wanadoo.fr)
Date: sam 23 juillet 2005 14:45:55

Je suis porteuse d'un implant cochlère depuis le 13 janvier 2005 j' était maltendante depuis l'enfance de l'oreille droite.
En septembre 2002 on m'a trouvé un neurinome à l'oreille gauche neurinome=(tumeur sur conduit auditif).
J'ai d'abord suivie 30 scèances de radiothèrapie qui malheuresement pour moi à fait l'effet inverse de ce que les professeurs attendaient ma tumeur à continué d'évolué. Ma surdité est devenue de plus en plus importante,ils n'ont pas eu d'autre choix que de m'opèrer et j'ai complètement perdu mon auditivité.
Je me suis retrouvée sourde,ils ont implante un implant sur mon oreille droite sans savoir si j'avais une chance de rèentendre un jour ; Maintenant ça fait 5 mois il faut beaucoup de patience mais je commence à avoir des rèsultat. J'entend mais il faut que la famille et l'entourage vous aide aussi car réentendre ne ce fait pas d'un seul jour.
Je suis des cours d'ortophonie et suite à l'opèration j'ai fait une pparalysie faciale qui commence juste à avoir des résultat mais je fais de la kinè tous les jours mais j'entend et pour moi c'est une victoire car sur quatre professeurs un seul y a crue dès le dèbut mais je n'avait pas le choix.
Mettre un implant sur une oreille qui n'a jamais entendue est une chose qui ne c'ètait jamais fait,il faut y croire et j'espère pour vous qui étes malentendante c'est votre seule possibilité car vous dites que vous n'avez pas de problème pour entendre alors pourquoi vous implanter.
Pour moi par apport à vous j'étais sourde complètement,il faut vraiment vivre dans le monde des sourds pour comprendre. Je souhaite avoir plus d'information vous concernant pour vous aider à accepté de vivre avec un implant. Je souhaite pour ma part malgré que mon cas soit rare correspondre avec des implantés.
D'avance merçi...Sincéres salutations à vous Chantal.


Source : FFSB

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