Ce blog constitue un recueil de témoignages issus du forum de la Fédération Francophone des Sourds de Belgique

L’implant n’est pas « invisible » et il ne sert pas à « cacher » la surdité

L’implant ne sert pas à « nier » les différences induites par la surdité



Témoignage de Charlotte, jeune fille de 17 ans implantée à l’âge de 10 ans :

La cicatrice de l’opération n’est pas très esthétique…
Et je trouve cela dommage.
C’est bien pour cette raison que j’ai toujours des longs cheveux.
Mais pour un garçon, sincèrement, j’ignore comment il le vit.
Cela dépend des garçons en tout cas.
Et puis, qui a dit que les garçons devraient avoir les cheveux courts et ceux des filles longs ?
Enfin bon ça n’a rien à voir avec l’implant, je m’égare là.
Je n’aime pas dire aux personnes que je suis implantée car cela ne sert à rien à ce qu’elles le sachent puisque pour moi cela ne change rien.
Sauf quand c’est vraiment nécessaire ou qu’on me pose la question ou bien encore lors d’un moment où on discute de l’implant…

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Mais avec ce que tu viens de dire, Audrey, je me pose une question pour l'instant... Faut-il rester humain à 100% ?
C'est-à-dire, vivre totalement au "naturel" sans qu'on ait quelque chose "de pas humain" qui soit là pour nous aider à mieux vivre ?
Il n'y a pas que l'implant ou les prothèses auditives où c'est "soi-disant pour aider les sourds".. on essaye aussi d'aider les gens qui ont perdu un membre du corps, un bras par exemple, en remplaçant celui par un faux bras en robot.. on essaye aussi d'aider les gens qui ont d'autres types d'handicaps..
je me suis demandé pourquoi on faisait cela et j'en suis venue à la conclusion que le vrai problème, c'est la société, car elle ne s'adapte pas à nous et que nous sommes obligés de s'adapter à elle.
Evidemment, si tout le monde connaissait la langue des signes sur terre ou que la musique s'adaptait aux sourds, il n'y aurait jamais eu de problématique sur l'implant ! Peut-être même que cela n'aura jamais été créé...
Comme Marie-Florence, j'avoue aussi que j'éprouve un certain recul pour ceux qui s'en sortent trop facilement.. ou qui fuient le problème.
On le voit, avec les parents entendants, affolés d'apprendre que leur enfant est sourd, hop on l'implante et le problème est résolu.
Pareil que pour les autres genres de problèmes...
Hélas, on prend toujours ce qui est le plus facile. Pourquoi ? Car on craint de ne pas pouvoir s'adapter à la société.
Tout comme les parents qui craignent que leur enfant ne puisse pas s'adapter à eux, à la société, d'être heureux ou qu'ils, et leur entourage, craignent de ne pas pouvoir s'adapter à leur enfant.

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Témoignage de Candice, maman de Lucien, sourd profond :

Je suis moi-même maman d'un petit Lucien âgé de 20 mois, sourd profond.
Nous sommes actuellement très ambivalent quant à la pose d'un implant cochléaire.
La difficulté réside principalement dans le fait de prendre une décision concernant une autre personne que soi avec le respect qui lui est dû.
Bien entendu nous apprenons la LSF et sommes convaincus de son intérêt fondateur dans le développement affectif et cognitif de notre fils.
Il signe désormais autant qu'un entendant parle et c'est délicieux. Cela nous suffit largement.
Nous poursuivrons cette démarche de découverte de la culture sourde quoi qu'il advienne.
L'ORL tente de nous orienter vers l'implant mais nous ne sommes pas prêts à sauter ce pas.
Nous découvrons toute la richesse de la surdité et ne souhaitons pas à tout prix qu'il entende ou qu'il oralise dans la mesure ou la communication est présente et sera de plus en plus riche à mesure que nous nous perfectionnerons en LSF. Actuellement il me semble que l'implanter signifierait qu'on veuille le changer (c'est peut être un fantasme), or ce n'est pas notre désir.
Je suis également consciente du confort que l'implant peut apporter s'il désire oraliser mais je ne peux pour l'instant m'y résoudre.
J'ai pourtant la crainte que Lucien puisse regretter plus tard une décision de ne pas l'avoir implanté puisque c'est quasiment la règle chez les enfants dans son cas.
Serait il en marge de sa communauté puisque l'implantation semble en redéfinir la nature ?
Je trouve votre témoignage très encourageant et peut être nous faut il un peu de temps pour mûrir notre réflexion.
Je partage votre approche éducative respectueuse de l'enfant et cela tranche avec les nombreux témoignages que j'ai pu lire de parents (je respecte leurs opinions bien que ne les partageant pas), prêts à tout pour "annuler" la surdité de leurs enfants.

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Nous sommes partis du constat qu'il existe une "communauté" sourde avec des revendications culturelles et linguistiques à l'opposé des revendications réparatrices et médicales.
Nous avons donc imaginé notre fils, adulte, appartenant à cette communauté qui ne semble pas si triste.
C'est probablement plus compliqué que ça car ce monde est très varié et certains préféreraient faire oublier leur différence mais c'est un autre débat.

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(…) je découvrais que mon fils [Lucien] aussi était sourd! L'horreur, j'avais plein de trucs à lui dire et à lui transmettre.
Je ne pouvais m'empêcher de revoir ce pauvre enfant de 8 ans sans accès à l'échange.
Nous avons vu l'ORL qui nous a parlé d'emblée de l'implant avec oralisation à la clé et parcours scolaire normal.
Au début c'est tout à fait rassurant puisque ça semble annuler cette souffrance. Pour elle c'était dans l'ordre: français signé puis LPC puis oral.
Dès le départ nous étions décidés à apprendre la LSF puisque c'était la langue des Sourds c'est que ça devait correspondre à leur perception du monde.
Une fois l'état de choc passé nous pouvions considérer les propositions de réparation sereinement. La LSF nous faisait la promesse de garantir la communication naturellement et l'implant devenait tout simplement inutile.
Cela dit nous nous sommes posé plusieurs questions.
Il était acquis pour nous que notre fils appartiendrait à une communauté dans le sens façon d'être au monde.
Qu'allait devenir cette communauté sous l'effet de l'implantation massive et quelle serait donc la place de notre enfant en son sein sans implant.

(…) Je ne conteste pas l'implantation des enfants si ce projet vient à la suite du deuil de l'audition et non pas en pansement de celui-ci. Je n'en ressens pas le besoin pour notre famille.
Là où je suis plus intolérante c'est sur l'accès à la LSF qui reste malgré les restes auditifs ou les bénéfices de l'implant le plus beau cadeau à faire à un enfant sourd.
Qui ne rêverait d'une langue où l'on est à l'aise pour tout exprimer?

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