Ce blog constitue un recueil de témoignages issus du forum de la Fédération Francophone des Sourds de Belgique

L’enfant implanté n’est pas un pseudo-entendant…




Témoignage de Audrey, jeune fille de 19 ans implantée à l’âge de 7 ans :

Comme Charlotte, je ne parlais pas, et maintenant, grâce à lui, je parle "bien", bref, tout le monde me comprend sans problèmes, j'ai acquis une certaine autonomie, et je peux m'intégrer sans problèmes dans le monde des entendants, d'ailleurs j'ai toujours été dans une école normale, et donc la plupart de mes amis sont entendants.

Mais, je le sais, et je me sens toujours et encore toujours sourde, c'est mon identité première, je parle la langue des signes depuis toute petite, et j'ai aussi des amis sourds.

Bref, comme le dit si bien Charlotte, "Même implantée, je ne serai jamais entendante… je resterai toujours sourde. La surdité occupe une grande partie de ma vie, j’attache une grande importance à mes amis sourds, je n’abandonne pas la langue des signes, ni la culture des sourds, le monde de la surdité et encore plein d’autres choses"
Je ressens exactement la même chose, dans le monde des sourds, je peux m'abandonner totalement, ne plus devoir me concentrer sur ce que l'autre dit, et toutes ces contraintes qui, rien à faire, sont toujours là dans la communication avec les entendants...

Parce que souvent, en tout cas, j'en ai l'impression, et c'est pourquoi les sourds sont contre l'implant, on croit que les implantés deviendront des pseudos-entendants, des pales copies d'entendants et renieront leur identité sourde.
C'est pas du tout mon cas, ni celui de Charlotte, il me semble, et de beaucoup d'autres... Mais j'ai eu la chance d'avoir eu des parents (entendants) qui m'ont appris la langue des signes depuis toute petite, j'ai eu la chance d'avoir grandi dans les deux langues.
(…)
Après un certain temps, j'ai eu, comme un déclic, j'ai réalisé que ça ne servirait à rien de continuer de me lamenter sur mon sort, ça ne me mènerait nulle part, je suis sourde et je le resterai toute ma vie, donc j'ai essayé d'entrer davantage dans l'autre monde, celui des sourds, dans lequel j'avais déjà un pied, je le connaissais, je le fréquentais, mais je n'étais pas DEDANS, je connaissais la langue des signes, mais pas la culture des Sourds, je suis donc entrée dans ce monde, où je n'ai pas tout de suite été bien accueillie, mais ça n'a pas duré, je me suis vite intégrée, et ce monde m'a apporté la paix, désormais je me sens bien dans ma peau, je partage ma vie entre les deux mondes, biculturelle et bilingue, et je ne ressens pas le besoin de devoir me positionner dans l'un OU l'autre, j'ai les deux, et tant mieux!
(…)
Il faut s'affirmer, aussi bien dans le monde des sourds, en tant qu'implantée, que dans le monde des entendants, en tant que sourde.

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Témoignage d’Artou, jeune homme de 23 ans implanté à l’âge de 16 ans :

En tant que devenu-sourd, je m'insère assez difficilement dans le monde entendant/sourd. Ma difficulté à m'insérer dans le monde des entendants vient du fait que je suis sourd, malgré mon implant auditif, j'ai trop de mal à accepter cette audition artificielle, incomparable avec l'audition que j'avais dans mon enfance.
Et pour l'insertion dans le monde des sourds, c'est le contraire, j'ai été entendant et j'ai encore du mal à m'accepter en tant que sourd.
Ce qui fait que j'ai autant de mal à parler avec des sourd qu'avec des entendants (mais je me débrouille !)

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Témoignage d’Implant :

Tu te trompes en disant que les sourds veulent ressembler aux entendants en s'implantant, au contraire! Je suis moi-même implantée, et je ne le regrette nullement, je ne m'en sens pas pour autant moins sourde, simplement l'implant m'a permis d'acquérir plus d'autonomie dans notre monde, à majorité entendant, de pouvoir communiquer facilement avec un plus grand nombre de personnes possible...
Pourquoi devoir choisir implant et monde d'entendant OU monde des sourds?
On peut très bien concilier les deux, mon implant me permet d'entendre, et donc de parler avec les entendants, et d'un autre côté, je pratique très régulièrement la langue des signes avec des jeunes Sourds que je retrouve souvent.

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Témoignage de Ghislaine :

Je suis porteuse d'un implant cochléaire depuis le 13 janvier 2005 j’était malentendante depuis l'enfance de l'oreille droite.
En septembre 2002 on m'a trouvé un neurinome à l'oreille gauche neurinome=(tumeur sur conduit auditif).
J'ai d'abord suivie 30 séances de radiothérapie qui malheureusement pour moi a fait l'effet inverse de ce que les professeurs attendaient, ma tumeur a continué d'évoluer.
Ma surdité est devenue de plus en plus importante, ils n'ont pas eu d'autre choix que de m'opérer et j'ai complètement perdu mon auditivité.
Je me suis retrouvée sourde, ils ont implanté un implant sur mon oreille droite sans savoir si j'avais une chance de réentendre un jour ; Maintenant ça fait 5mois il faut beaucoup de patience mais je commence à avoir des résultat.
J’entends mais il faut que la famille et l'entourage vous aide aussi car réentendre ne ce fait pas d'un seul jour.
Je suis des cours d'orthophonie et suite à l'opération j'ai fait une paralysie faciale qui commence juste à avoir des résultat mais je fais de la kiné tous les jours mais j'entends et pour moi c'est une victoire car sur quatre professeurs un seul y a cru dès le début mais je n'avais pas le choix.
Mettre un implant sur une oreille qui n'a jamais entendue est une chose qui ne s'était jamais faite, il faut y croire et j'espère pour vous qui êtes malentendante c'est votre seule possibilité car vous dites que vous n'avez pas de problème pour entendre alors pourquoi vous implanter.
Pour moi par rapport à vous j'étais sourde complètement, il faut vraiment vivre dans le monde des sourds pour comprendre.

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Témoignage de Danielle, maman de Dennis :

Comme déjà expliqué à l'époque, mon fils Dennis a été implanté à l'âge de deux ans. Il aura 7 ans en octobre.
Il fréquente l'école intégrée. Il parle parfaitement, sait construire des phrases correctes, signe tout aussi parfaitement, utilise également le LPC et est un enfant épanoui, bien dans sa peau et heureux.
Il reste et restera sourd toute sa vie même avec son implant et nous respecterons son choix de vie future. Nous lui avons tout simplement ouvert les portes.

Il a terminé sa première année primaire avec une moyenne de 97%.
Il aime l'école, il aime apprendre, il est curieux, aventureux mais prudent.

Il participe actuellement à des stages sportifs avec des entendants et cela se passe pour le mieux.
Il s'intègre sans problèmes, communique très facilement avec ou sans implant. Il est en stage de natation cette semaine et les moniteurs étaient étonnés de la facilité qu'il a de pouvoir lire sur les lèvres.
Ils m'ont dit: votre fils est une petite perle!
Comme il sait qu'il ne peut pas entendre sans son implant, il est prudent et garde un contact visuel régulier avec les gens qui l'entourent.

Lorsqu'il est à l'école, il communique en LS avec les enfants sourds et malentendants.
Il s'adapte en fonction de son environnement. Et comme il me le dit si bien: « Maman, les sourds n'émettent pas la voix lorsqu'ils parlent car ils n'en ont pas besoin entre eux, ils signent. Moi je ne parle qu'avec les entendants et je signe avec les sourds. »

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Finalement, lorsque Dennis enlève ses aides auditives le soir, il est toujours l'enfant sourd qui nous a permis de découvrir ce monde merveilleux, plein de richesses et de sensibilité.
J'aime à dire que je trouve magnifique de faire "danser mes mains". Pour le moment, le rythme est plutôt celui du "slow" mais j'espère un jour passer à un rythme plus endiablé tel que le rock!

N'oubliez surtout pas que, même avec un implant, votre enfant est et restera sourd. C'est son identité à part entière et il ne faut pas espérer, en l'implantant, en faire un enfant entendant, car ce ne sera jamais le cas.
Il s'agit d'une aide mais non d'une baguette magique qui transformera votre enfant.

La baguette magique c'est vous, c'est le temps que vous êtes prêts à investir, la patience, la persévérance, la volonté de permettre à votre fils d'évoluer et de s'épanouir.
C'est aussi l'amour que vous lui apportez, c'est prendre le temps de vous arrêter pour le regarder bien en face lorsque vous communiquez avec lui.
C'est lui répéter jour après jour que vous l'aimez.

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Finalement, lorsque Dennis est entré en première année primaire l'année dernière, nous avons refusé l'intégration car il progressait très bien au sein de l'école intégrée.
L'avantage de Dennis est qu'il évolue principalement en milieu entendant au sein de la famille. Ses frères, sa grand-mère, ses tantes et cousins/cousines ne signent pas ou plus et ne codent pas. Dennis s'est donc adapté par la force des choses.

Nous pensons principalement à son bien-être, à sa joie de vivre dans sa petite école, à son bonheur de partir tous les jours à l'école le coeur léger et la paix dans l'âme.
Pourquoi devrait-on lui enlever tout cela pour le plonger dans un univers qui risque fort de le bloquer, de le frustrer et de le rendre malheureux.
Il est avide d'apprendre, s'intéresse à tout, pose constamment des questions et participe à toutes les activités qui se présentent à lui.

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Témoignage de Marie-Florence, jeune fille de 20 ans appareillée à 3 mois :

Je n'ai pas le temps de vous donner de plus amples détails mais enfin, des recherches ont été faites sur l'apprentissage pour un enfant qui porte un implant cochléaire, ces recherches prouvent que celui-ci a toujours davantage besoin de visuel qu'un entendant.

Les professionnels de la surdité issus du CCP avaient l'air contents de ce genre de résultat : cela prouve enfin par des recherches que même avec un implant, on ne devient pas entendant et on continue à avoir besoin de visuel ! Ce genre de recherches est très important pour combattre pleinement les idées reçues, et cela tant chez les sourds que chez les entendants

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Témoignage de Laurence :

Certes, les enfants implantés vocalisent mieux que ceux qui ne sont pas implantés... mais parlent-ils mieux ?
Maîtrisent-ils mieux la langue, construisent-ils la langue ?
Implant, pourquoi pas, mais bilinguisme indispensable, seul gage d'une vraie intégration dans la société.
Aujourd'hui on assiste à ce paradoxe que de plus en plus d'entendants apprennent la LS... mais que de plus en plus de petits sourds en sont privés... comme si le bilinguisme était dangereux.
Ce qui est dangereux, c'est le déni de surdité, c'est refuser de voir en face qu'un sourd reste sourd (s'il est implanté et qu'il coupe son implant, il reste sourd) et que la connaissance la plus précoce possible de la LS chez l'enfant, lui permettra de parler... son implant lui permettra de vocaliser... le médecin qui m'a expliqué cela rencontre régulièrement des sourds victimes de cet oralisme excessif qui leur a fait rater le rendez-vous avec la langue des signes... ils sont capables de lire un texte à haute voix, mais ils n'en comprennent pas le sens... ne pas mélanger parole et vocalisation...

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