Ce blog constitue un recueil de témoignages issus du forum de la Fédération Francophone des Sourds de Belgique

Témoignages de parents


Re: Que d'animosité chez certains!
Envoyé par: Candice (---.w86-195.abo.wanadoo.fr)
Date: sam 13 janvier 2007 16:53:09

Il n'existe pas de règle effectivement et tout dépend de son choix de vie et de la définition qu'on se fait d'une vie "réussie". En cela il existe probablement autant de définitions que d'individus. Ces choix individuels nourrissent la société. Mais la société doit elle pour autant imposer nos choix individuels ? Parce qu'il n'existe pas de structure bilingue dans mon pays je suis contrainte d'implanter mon enfant ? Je me suis posée cette question pour finalement me réapproprier ma parentalité et faire un choix selon mes propres convictions. Mes convictions n'ont rien d'absolu et valent celles des autres. Elles sont le fruit de ma propre expérience, de mes rencontres, de mes lectures...Je dois bien l'admettre, je tire un peu sur le baba cool comme tu dis.
Je ne souhaite pas qu'on me démontre qu'avec un implant j'offre des études supérieures à mon fils. J'ai par ailleurs été choquée qu'on me condamne à lui en fermer les portes quand j'ai refusé l'implant. Je souhaitais juste découvrir que Sourd ne signifiait pas absence de communication car c'est ce qui m'horrifiait. Ca me suffit pour accepter sa différence. J'entends bien que ce pansement puisse ne pas convenir à d'autres parents; à chaque mal son remède mais il faut rester réaliste sur les enjeux. Avec ou sans implant on peut aller à l'université mais est-ce vraiment l'important? Pour certains oui et pour moi non par exemple.
De toute façon ces questions restent sans réponse pour les parents qui les posent. L'expérience de vie de l'un n'est valable que pour lui est n'est en aucun cas transposable à un autre individu. Ca ne soulage pas de savoir que 90 % des sourds implantés sont heureux quand on appartient aux 10% restants. Les statistique et témoignages ne valent que pour ce qu'ils sont, des chiffres et des histoires singulières.
Je repense à l'ORL qui me conseillait de rencontrer les enfants sourds implantés et leurs parents pour me convaincre de faire opérer le mien. Manque de bol, le premier qu'on ait croisé était bi-implanté depuis 3 ans et ne faisait que pousser des grognements de frustration. Son père se décidait alors à apprendre la LS pour pouvoir communiquer avec son fils de 5 ans. L'échec c'est d'être passé à coté de la communication pendant 3 ans. Par ailleurs il est possible que cet enfant finisse par utiliser son implant et qu'il en soit satisfait. Dans ce cas ce ne sera pas un échec complet.
Et ces blogs d'enfants tout juste implantés et présentés comme des espoirs pour les parents venant d'apprendre la surdité de leur môme. Regardez comme il est heureux, tiens une petite vidéo pour voir comme il dit bien papa, formidable!!! un vrai petit singe savant. Et celle ci qui joue du violon, ouahh suuupeer! L'ennui c'est que seuls les témoignages de réussites (cette notion est relative à mon sens) font recette alors comment faire objectivement un choix sur de telles informations...?
Je pense quant à moi qu'il est inutile d'en rajouter pour les risques opératoires (somme toute minimes mais non nuls) qui sont bien connus des candidats. Même à la suite d'accidents type infections responsables du rejet du matériel, les parents sont demandeurs de réintervention.
Le tout est de savoir ou commence pour chacun, le normal et le pathologique afin de définir qui est justiciable d'un "traitement" ou qui peut nous apporter la richesse de sa différence et il existe également une voie intermédiaire encore (proposer un traitement dans le respect de la différence, si si ça existe, j'en ai lu ici même). Ces questions c'est à chacun de se les poser et, au gré des recherches et rencontres il trouvera ses propres réponses. C'est un peu le principe du consentement éclairé. Chacun a sa vision singulière.
C'est vrai qu'il y a des débordements parfois mais je dois dire qu'il existe peu de forums comme celui-ci offrant un regard critique contrastant avec l'enthousiasme quasi unanime devant ce qui est souvent nommé "miracle".
Bon je stoppe là sinon je vais m'"exosethiser" (clin d'oeil)
Candice
NB: Certes on n'est pas aux Etats unis, mais doit on renoncer pour autant à améliorer les condition d'accès à la citoyenneté des minorités (entendez Sourds, handicapés de tout poil, Noirs...). Il n'y a pas si longtemps seuls les enfants de "bonne famille" avaient accès aux études et pourtant ça change. Le droit de vote des femmes est récent et on a trouvé une autre voie que la greffe testiculaire pour qu'elles y accèdent! Les mentalités ne changent pas d'elles mêmes. Il faut souvent forcer les choses.

Source : FFSB




papa deThéo 20 mois sourd profond bientôt implanté
Envoyé par: nicolas(---.tvcablenet.be)
Date: ven 15 décembre 2006 11:47:49

Voila je me présente a vous je suis Nicolas 28ans de Namur en Belgique et papa de Théo 20 mois sourd profond bientôt implanté d’une oreille et l’autre plus tard
mon fils lui le vie normalement moi pas trop j’ai dur a vivre cette situation
mais comme on dit (je fais avec)
je me bat pour lui
tout a commencé avec un peux de liquide donc visite chez l’orl et la le doc pas trop sur de lui nous demande de monter a bxl UCL
la sentence tombe et ma vie change d’un coup car j’ai déjà perdu ma fille il y a 10 ans (mort- subite) il ma déjà fallu 6 ans pour me remettre de sa mort et même ici je ne supporte pas son décès
Je me suis mis aux signe et au français signé sais dur mais je ne baise pas les bras
je pense même que je suis plus faible que Théo car comme je vous le dit
lui pas de probe il a deux petit appareille mais sa ne sufi pas pour lui
ils sont obligé de monté trop haut 110db donc sa siffle donc voila pour quoi l’implant
et lui donné une chance de vivre son handicap plus facilement
vous aller me dire mais pour quoi vien t’il ici pour nous parlé de ses problème
mais j’avais envie de parlé et vidé mon cœur
A bientôt un papa apeuré par le malheur de son bébé

Source : FFSB




Re: Le futur des sourds "implantés" a-t-il un avenir ?
Envoyé par: Arnaud B. (---.152-65-87.adsl-dyn.isp.belgacom.be)
Date: mer 29 novembre 2006 20:49:35

Chère Audrey,

Tu mets mes propos hors du contexte ou les déformes:

Je parle de la lourdeur de cette opération sur les bébés sourds de 0 à 6 ans!
Au délà, c'est l'affaire des parents et de leurs enfants qui sont suffisamment un peu grands pour gèrer leurs émotions et affronter certaines situations stressantes.
Je m'en moque complètement de l'efficacité de l'implant ou non.
Seul, le développement des petits enfants dans le bonheur et le respect, m'intéresse.
Je ne vois pas en quoi la surdité est un malheur pour les enfants!
C'est la société qui est leur malheur puisqu'elle ne cherche pas à s'adapter à leur niveau.
Ceci est scandaleux quand on sait qu'elle a parfaitement tous les moyens pour mettre en oeuvre une vraie politique d'éducation bilingue!!!!

J'ai plusieurs avantages par rapport à toi : je suis père d'un enfant de trois ans, j'ai déjà vécu plusieurs situations de séparation dramatiques avec Nathan ( son placement en couveuse pendant 3 semaines après sa naissance; greffe de rein de mon épouse et son hospitalisation de 3 semaines quand Nathan a 2 ans....), je lis surtout beaucoup de livres sur la petite enfance ( psychologie, pédagogie, etc...) avec mon épouse et j'ai l'âge et donc suffisamment un peu d'expérience de la vie. Je ne vais pas ajouter aussi encore mon niveau universitaire....
Faut savoir s' économiser

Tu ne peux pas comprendre tant que tu n'es pas encore mère d'un bébé.
Tu as 19 ans, tu as été implantée à 7 ans, tu n'as pas encore fini ton cheminement personnel....

mon véritable propos: "Pour vous montrer l'absurdité de cette situation, je ne pense qu'aux bébés sourds car quand je vois mon fils entendant de trois ans, je me dis qu'il a de la chance d'avoir des parents sourds qui respectent sa personne car j'aurais pu faire un "implant sourd" à mon fils pour qu'il apprenne le silence et la LS!!!! Mais non, il me suffirait de lui mettre des boules Quiés!....... quelle dérision.........."

Tu as écourté mon propos : "car j'aurais pu faire un "implant sourd" à mon fils pour qu'il apprenne le silence et la LS!!"

Je trouve énorme cette différence entre ces deux propos.....
Mon propos démontre clairement le cynisme et l'humour noir et non nullement une vision radicale des choses.

Source : FFSB




Re: Débat sur l'implant
Envoyé par: Candice(---.w81-250.abo.wanadoo.fr)
Date: ven 11 novembre 2005 15:56:49

Pour Danielle,
Votre témoignage est très instructif.
Je suis moi-même maman d'un petit Lucien âgé de 20 mois, sourd profond.
Nous sommes actuellement tres ambivalent quant à la pose d'un implant cochléaire.
La difficulté réside principalement dans le fait de prendre une décision concernant une autre personne que soi avec le respect qui lui est dû.
Bien entendu nous apprenons la LSF et sommes convaincus de son intéret fondateur dans le développement affectif et cognitif de notre fils.
Il signe désormais autant qu'un entendant parle et c'est délicieux.
Cela nous suffit largement.
Nous poursuivrons cette démarche de découverte de la culture sourde quoi qu'il advienne.
L'ORL tente de nous orienter vers l'implant mais nous ne sommes pas prêts à sauter ce pas. Nous découvrons toute la richesse de la surdité et ne souhaitons pas à tout prix qu'il entende ou qu'il oralise dans la mesure ou la communication est présente et sera de plus en plus riche à mesure que nous nous perfectionerons en LSF. Actuellement il me semble que l'implanter signifierait qu'on veuille le changer (c'est peut être un fantasme), or ce n'est pas notre désir.
Je suis également consciente du confort que l'implant peut apporter s'il désire oraliser mais je ne peux pour l'instant m'y résoudre.
J'ai pourtant la crainte que lucien puisse regretter plus tard une décision de ne pas l'avoir implanté puisque c'est quasiment la regle chez les enfants dans son cas. Serait il en marge de sa communauté puisque l'implantation semble en redéfinir la nature ?
Je trouve votre témoignage très encourageant et peut être nous faut il un peu de temps pour murir notre réflexion. Je partage votre approche éducative respectueuse de l'enfant et cela tranche avec les nombreux témoignages que j'ai pu lire de parents (je respecte leurs opinions bien que ne les partageant pas), prêts à tout pour "annuler" la surdité de leurs enfants.
Quoi qu'il en soit ce site est le premier espace de discussion dans ce domaine qui m'apporte de véritables renseignements.
Je conseille également les articles écrits par Benoit Virole qui me semble avoir une approche très constructive de la surdité de l'enfant.
En dehors de ce dilemme tout va pour le mieux et nous vivons cette découverte d'un monde jusqu'alors inconnu de nous comme une opportunité.

Source : FFSB





Re: implant cochléaire et suite....
Envoyé par: Candice(---.w86-199.abo.wanadoo.fr)
Date: ven 28 juillet 2006 17:11:57

Bonjour,
je suis la maman d'un petit Lucien de 2 ans et 4 mois sourd profond.
J'ai appris sa surdité à l'age de 13 mois et je me suis interrogée comme toi.
On nous a rapidement proposé l'implant pour finir par nous culpabiliser devant notre ambivalence.
Cela a finalement fait pencher la balance vers l'abstention thérapeutique.
Nous avons fui l'intolérance (de cette équipe) en quelque sorte.
Je ne regrette pas notre choix mais suis consciente qu'en d'autres circonstances la décision aurait pu être autre et je ne l'aurais probablement pas regretté non plus.
Nous sommes partis du constat qu'il existe une "communauté" sourde avec des revendications culturelles et linguistiques à l'opposé des revendications réparatrices et médicales. Nous avons donc imaginé notre fils, adulte, appartenant à cette communauté qui ne semble pas si triste.
C'est probablement plus compliqué que ça car ce monde est très varié et certains préfereraient faire oublier leur différence mais c'est un autre débat.
Votre choix sera le bon mais, quoi qu'il en soit je t'encourage à enrichir la communication avec ta fille avec la langue des signes.
C'est un outil incontestable pour développer sa curiosité et votre complicité.
J'ignore ce que ça fait de s'entendre dire maman(c'est manifestement un enjeu récurent de parent) mais je pense que c'est tout aussi jubilatoire de se le faire signer. Je ne regrette qu'une chose... ne pas avoir la Langue des signes infuse!!!
Je te conseille également de ne pas te précipiter dans ta décision sous le pseudo impératif de l'urgence.
Ta fille n'as pas un an, on est pas à 6 mois près pour la décision d'implanter.
Je t'écris cela car on nous a mis la pression, à croire que la plasticité neuronale se jouait dans le, mois qui suivait!!
Ce ne sera peut être pas ton cas.
Bon courage et bonne réflexion.
Je sais que c'est une période difficile mais elle a une fin rassures toi.
Candice

Source : FFSB






Re: Un dépistage de la surdité systématique et moins cher
Envoyé par: Candice(---.w86-210.abo.wanadoo.fr)
Date: lun 27 novembre 2006 12:12:11

Petiot, bonjour,
Pour te répondre, je suis médecin généraliste remplaçante en semi rural. Pour tout dire l'univers hospitalier me rebute.
J'y ai passé suffisamment de temps pendant mes études pour savoir que je ne souhaite pas y travailler.
Mon truc, c'est la médecine de famille avec une vision plus globale de l'individu et un suivi permettant de tisser des liens durables.
Par ailleurs, nous avons découvert la surdité de mon fils à 1 an.
J'avais jusqu'alors la vague impression qu'il ne répondait pas à son prénom mais n'étant pas de nature très stressée je n'avais pas poussé plus loin les recherches. Surtout qu'il dansait (je sais maintenant qu'il nous imitait) et paraissait tout aussi éveillé que les enfants de son àge.
Juste avant j'avais eu un premier contact avec la surdité lors d'une garde en pédiatrie.
Un enfant de 8 ans avec lequel aucune communication n'avait été mise en place... c'était pathétique, sa mère ne pouvait en aucun cas le rassurer et lui ne pouvais s'exprimer qu'avec le regard horrifié et des cris.
Je pensais alors que c'était un destin bien triste.
3 jours plus tard je découvrais que mon fils aussi était sourd! L'horreur, j'avais plein de trucs à lui dire et à lui transmettre.
Je ne pouvais m'empecher de revoir ce pauvre enfant de 8 ans sans accès à l'échange.
Nous avons vu l'ORL qui nous a parlé d'emblée de l'implant avec oralisation à la clé et parcours scolaire normal.
Au début c'est tout à fait rassurant puisque ça semble annuler cette souffrance.
Pour elle c'était dans l'ordre: français signé puis LPC puis oral. Dès le départ nous étions décidés à apprendre la LSF puisque c'était la langue des Sourds c'est que ça devait correspondre à leur perception du monde.
Une fois l'état de choc passé nous pouvions considérer les propositions de réparation sereinement.
La LSF nous faisait la promesse de garantir la communication naturellement et l'implant devenait tout simplement inutile.
Cela dit nous nous sommes posé plusieurs questions.
Il était acquis pour nous que notre fils appartiendrait à un communauté dans le sens façon d'être au monde.
Qu'allait devenir cette communauté sous l'effet de l'implantation massive et quelle serait donc la place de notre enfant en son sein sans implant.
Bref c'est sur ce forum que j'affectionne donc tout particulierement que j'ai pu poser des questions aux Sourds, et aux parents d'enfants sourds.
Je ne conteste pas l'implantation des enfants si ce projet vient à la suite du deuil de l'audition et non pas en pansement de celui-ci.
Je n'en ressent pas le besoin pour notre famille. la ou je suis plus intolérante c'est sur l'accès à la LSF qui reste malgré les restes auditifs ou les bénéfices de l'implant le plus beau cadeau à faire à un enfant sourd.
Qui ne rêverait d'une langue ou l'on est à l'aise pour tout exprimer ?
J'ai donc pu discuter ici avec des parents qui respectaient ça et mes doutes et interrogations.
Ce qui a le plus compté toutefois c'est le dialogue avec les Sourds eux même.
Bon c'est un peu long et je m'en excuse. Je n'aurais en tout cas pas souhaité savoir sa surdité à la naissance.
Ce sera différent pour un deuxième car le travail est déjà fait. Voila
Candice

Source : FFSB





Re: Le futur des sourds "implantés" a-t-il un avenir ?
Envoyé par: Jean-Marc(---.adsl.euphonynet.be)
Date: jeu 23 novembre 2006 01:07:26

Bonjour,

C'est avec beaucoup d'attention et d'émotion que je viens de lire ces témoignages.

Je suis le papa de trois enfants: deux sourds et une entendante.
Les deux sourds ont été implantés: l'aîné, à plus de trois ans, et la petite dernière à 11 mois et elle a maintenant plus de deux ans et demi.
Je peux donc voir les différences entre les deux: le grand (bientôt 8 ans) ne demande pas spécialement son implant le matin, la petite le réclame avec insistance. Elle en retire de toute évidence du plaisir, déjà rien que pour cela, je pense que nous avons bien fait de l'implanter et je regrette que nous n'avons pas détecté la surdité de l'aîné plus tôt.
Il me semble qu'elle évolue plus vite en français que son frère.
Si je ne me trompe pas, cela lui donnera un avantage pour l'apprentissage de la lecture et comme beaucoup de choses dépendent de la lecture, cela devrait lui donner plus de facilités dans la vie.

Vous savez, quand on implante un jeune enfant, c'est dans l'espoir de lui donner plus de chances dans la vie, pour que son handicap (c'en est bien un, une maladie, non, mais un handicap, oui, et ce n'est pas une honte) ne le désavantage pas de trop.
Quand je lis que certains désapprouvent les parents de prendre cette décision parce que nous ne demandons pas l'avis de nos enfants, pourquoi ne nous désapprouvent-ils pas de les avoir engendrés, de les avoir lancés dans la vie, dans cette société qui devient inhumaine, intolérante ?
Et comme l'implantation tardive est (beaucoup) moins efficace, il faut décider pour eux, prendre nos responsabilités de parents.
Quand ils seront plus grands, à même de juger ce qui est bon pour eux, à ce moment, ils pourront décider de se passer de leur implant.
S'ils ne sont pas implantés et s'ils le regrettent, à ce moment, il risque d'être trop tard et ils pourraient nous en vouloir aussi!

Pour leur donner plus de chances, nous essayons aussi d'utiliser la langue des signes à la maison, ils sont intégrés à l'école Sainte-Marie à Namur pour apprendre tant la langue des signes que le français.
Mais pour des parents entendants, il est difficile de bien apprendre la langue des signes et n'est pas à la portée de tous, pour différentes raisons (capacités intellectuelles et physiques, temps, distance...)
Il est sûrement plus facile d'apprendre une autre langue quand on est petit (français pour les sourds, langue des signes pour les entendants) que quand on est adulte: pour preuve, notre deuxième enfant surprend les adultes sourds par ses capacités en langue des signes!

Il est certain que l'implant n'est pas la panacée, nos deux enfants sourds resteront toujours sourds, la langue des signes sera sans doute (sûrement plus pour l'aîné) leur langue naturelle pour leur vie entière.
Je comprends que les adolescents et jeunes adultes sourds implantés aient des doutes et des angoisses quant à leur position dans une communauté entendante ou sourde. Pour eux, je n'ai surement pas encore de réponse, j'espère que j'en aurai quand mes enfants auront cet âge.

Pour terminer, je pense qu'il faut dans tous les cas rester tolérant, ne pas penser que l'on a LA réponse, qu'il faut être ouvert à la discussion, que l'on peut tous se tromper.

Dans l'attente de vos réactions...

Jean-Marc


Source : FFSB




Re: Bilinguisme, biculture: l'implant, l'enlever quand on veut ? Pas tout à fait !
Envoyé par: Geneviève Janne(---.teledisnet.be)
Date: mar 21 février 2006 22:08:59

Marie-Florence,

Je suis maman d'un enfant sourd de trois ans et demi qui est implanté depuis 18 mois. Avec lui, nous utilisons la langue des signes (nous essayons dans la mesure de nos moyens), le français et le français signé selon les circonstances. Je trouve votre témoignage vraiment instructif et éclairant.
Je fais partie de ceux qui (il est vrai parce que poussée à bout) ont pu affirmer sur ce forum que, plus tard, leur enfant pourrait retirer son implant quand il le souhaiterait et "redevenir sourd".
Votre témoignage me fait voir les choses autrement, de façon beaucoup plus nuancée.
Je vous remercie pour votre sincérité et pour toutes les nuances que vous apportez sur un sujet qui en a tant besoin.
Merci encore.

Source : FFSB





Re: Dialogue de sourds
Envoyé par: vidis angélique(84.7.45.---)
Date: mer 15 février 2006 13:52:23

j'ai lu attentivement votre message.
je voulais juste vous dire que je suis maman d'un petit garçon sourd profond catégorie 3.
il a été implanté le 19 octobre et relié à son implant le 19 novembre.

les réglages se sont déroulés tranquillement et sans réactions, jusqu’à il y a 10 jours où mon petit Lucien a entendu.
depuis il demande son antenne, veut danser avec sa maman, entend son papa rentrer le soir et manisfeste son mécontentement si le bruit s'arrète.

ses 2 grands frères rentrent de l'école et je n'ai plus besoin de signer pour lui faire comprendre qu'ils sont revenus, il les entend et se dirrige vers la porte.
un pur bonheur pour lui et nous.
il est toujours aussi actif, toujours aussi souriant et renvoi l'image d'un petit sourd complètement épanoui.

il signe toujours car nous ne sommes qu'à la moitié des réglages et surtout développe une expression hors du commun. un réel bonheur de l'association de tous ces éléments.

et quand il sera plus grand, à lui de choisir s'il préfère entendre ou revenir dans le silence. en tout cas nous lui aurons laisser le choix.

angélique, maman de lucien 2 ans 1/2


Source : FFSB




Re: Débat sur l'implant
Envoyé par: Danielle(---.cec.eu.int)
Date: mar 2 août 2005 11:01:26

Bonjour à tous,

Voici bientôt plus de deux ans que j'étais intervenue sur ce forum à propos de l'implant cochléaire.
Les réactions suscitées ont été assez vurilantes, agressives pour certaines.
J'avais donc décidé de ne plus participer.

Néanmoins, je constate une petite évolution des idées par rapport à l'implant, ce qui me pousse aujourd'hui à témoigner à nouveau.

Comme déjà expliqué à l'époque, mon fils Dennis a été implanté à l'âge de deux ans. Il aura 7 ans en octobre.
Il fréquente l'école intégrée.
Il parle parfaitement, sait contruire des phrases correctes, signe tout aussi parfaitement, utilise également le LPC et est un enfant épanoui, bien dans sa peau et heureux.
Il reste et restera sourd toute sa vie même avec son implant et nous respecterons son choix de vie future. Nous lui avons tout simplement ouvert les portes.

Il a terminé sa première année primaire avec une moyenne de 97%.
Il aime l'école, il aime apprendre, il est curieux, aventureux mais prudent.

Il participe actuellement à des stages sportifs avec des entendants et cela se passe pour le mieux.
Il s'intègre sans problèmes, communique très facilement avec ou sans implant.
Il est en stage de natation cette semaine et les moniteurs étaient étonnés de la facilité qu'il a de pouvoir lire sur les lèvres.
Ils m'ont dit: votre fils est une petite perle! Comme il sait qu'il ne peut pas entendre sans son implant, il est prudent et garde un contact visuel régulier avec les gens qui l'entourent.

Lorsqu'il est à l'école, il communique en LS avec les enfants sourds et malentendants.
Il s'adapte en fonction de son environnement.
Et comme il me le dit si bien: Maman, les sourds n'émettent pas la voix lorsqu'ils parlent car ils n'en ont pas besoin entre eux, ils signent.
Moi je ne parle qu'avec les entendants et je signe avec les sourds.

Ah oui, j'allais oublier de vous dire que Dennis commence maintenant à comprendre et parler en Anglais avec son Papa et son petit frère.
C'était juste une petite parenthèse en passant...

Bonne journée à tous.

Danielle


Source : FFSB




Re: Débat sur l'implant
Envoyé par: Danielle(---.upc.chello.be)
Date: mer 23 novembre 2005 12:17:20

Chère Candice,

Comme je l'ai déjà dit à de nombreuses reprises, la décision d'implanter son enfant ou pas est une décision très difficile à prendre.
Il est clair que le corps médical conseille l'implantation dès le plus jeune âge.

Doit-on décider pour un petit enfant ou non?
Risque-t-on de le voir nous le reprocher plus tard?
Sera-t-il bien dans sa peau?

Je pense que toutes ces questions nous envahissent en tant que parents lorsque la possibilité de l'implant est offerte.

Pour ce qui nous concerne, nous avons voulu ouvrir toutes les portes à notre fils Dennis et certainement pas les fermer.
C'est lui que fera le choix plus tard.
Il est clair que s'il choisit de s'orienter vers la communauté sourde, nous respecterons son choix.
Dans le cas contraire, il sera apte à parler, écrire et lire ce qui à mon sens est très important.
Nous nous devons en tant que parents de donner toutes les chances à nos enfants de s'épanouir et d'évoluer au mieux.
Il s'agit d'une responsabilité et non la moindre.

Notre fils évolue à grands pas et s'épanouit tant en milieu entendant qu'en milieu sourd.
Il aime les deux communautés et apprécie de vous que maman s'investit beaucoup de ses cours de LS.
Il me demande les nouveaux signes appris récemment, il me corrige et m'encourage. Je rappellerai ici que Dennis vient d'avoir 7 ans.

Pour des raisons de logistique et d'organisation de ma vie familiale et professionnelle (5 enfants et travail à plein temps), je n'avais pas eu le temps de prendre des cours de LS.

En septembre, j'ai décidé de réduire mon temps de travail afin de pouvoir suivre les cours de LS à raison de deux après-midi par semaine.
Je suis passée en deuxième année grâce à la confiance de mes professeurs.
Je compte bien leur montrer que je serai à la hauteur de leur confiance.

Finalement Candice, vous devez agir en fonction de ce que votre coeur vous dictera car le coeur ne trompe pas.

Les avis sont partagés et je respecte le point de vue de tout un chacun mais pour ce qui nous concerne, nous avons fait un choix et nous ne le regrettons pas car nous sommes prêts à faire tout ce qu'il faut pour que Dennis vive bien sa surdité.

Finalement, lorsque Dennis enlève ses aides auditives le soir, il est toujours l'enfant sourd qui nous a permis de découvrir ce monde merveilleux, plein de richesses et de sensibilité.
J'aime à dire que je trouve magnifique de faire "danser mes mains". Pour le moment, le rythme est plutôt celui du "slow" mais j'espère un jour passer à un rythme plus endiablé tel que le rock!

N'oubliez surtout pas que, même avec un implant, votre enfant est et restera sourd. C'est son identité à part entière et il ne faut pas espérer, en l'implantant, en faire un enfant entendant, car ce ne sera jamais le cas.
Il s'agit d'une aide mais non d'une baguette magique qui transformera votre enfant.

La baguette magique c'est vous, c'est le temps que vous êtes prêts à investir, la patience, la persévérance, la volonté de permettre à votre fils d'évoluer et de s'épanouir.
C'est aussi l'amour que vous lui apportez, c'est prendre le temps de vous arrêter pour le regarder bien en face lorsque vous communiquez avec lui. C'est ui répéter jour après jour que vous l'aimez.

Voilà Candide, il n'y a pas de miracles, il n'y a que des portes à ouvrir.

Bien amicalement,

Danielle



Source : FFSB





Re: Débat sur l'implant
Envoyé par: Danielle(---.cec.eu.int)
Date: mar 6 septembre 2005 12:16:20

Bonjour à tous,

Je rentre de vacances et n'ai donc pas pu consulter les messages du forum avant ce jour.

Alors voici mes réponses à vos divers messages tous très agréables d'ailleurs:


Bernard,

La raison pour laquelle nous n'avons pas souhaité intégrer Dennis est simplement par respect pour son identité d'enfant sourd.
Il est heureux à l'école intégrée, il adore les enseignants. Petite parenthèse: Dennis a souvent des sessions avec ton épouse Nicole et a aussi participé au stage de théâtre en juillet (Petit ogre veut voir le monde). Quelle belle expérience!

Nous souhaitons, son papa et moi, respecter le rythme de Dennis et ne surtout pas le pousser à l'extrême, ce qui risquerait très certainement de le perturber ou de le freiner dans son élan naturel de petit garçon curieux et avide d'apprendre. Nous ne souhaitons pas aller trop vite car ce qui nous importe avant tout c'est Dennis en tant qu'être humain.
Nous ne voulons pas risquer de lui ôter cette joie de vivre pleinement et gâcher par la même occasion cette évolution positive en le brusquant.

L'équipe implant nous a conseillé l'intégration de Dennis à l'école jouxtant l'école intégrée (je ne la citerai pas ici).
La première année, il y allait un après-midi par semaine et il n'aimait pas trop cela car, comme il le disait : « les entendants font trop de bruits et ils parlent tous en même temps ».
Il appréhendait les jours où il devait de rendre à l’école « à côté » !

L'année suivante, Dennis a été intégré tous les après-midi et là ce fut pour lui une très mauvaise expérience.

Il a fini par s’isoler la plupart du temps et consultait des livres ou dessinait dans son petit coin, à l’abri des tumultes d’une classe de 25 élèves !

Nous avons tenté d'avoir un rendez-vous avec l'enseignante de cette école.
Un retard de 5 minutes au rendez-vous suite à un problème de trafic nous a valu un accueil plus que désagréable, nous avons littéralement été traités comme des malpropres et avons été priés de reprendre rendez-vous à une date ultérieure!
Vu l'importance que nous accordions aux problèmes d'intégration de Dennis, la réaction des responsables de l'école nous a laissé perplexes et quelque peu dégoûtés! Autant dire que nous n’avons pas repris rendez-vous.
Nous avions compris que ce n’était certainement pas dans ce type d’école que notre fils allait pouvoir s’épanouir pleinement !

Finalement, lorsque Dennis est entré en première année primaire l'année dernière, nous avons refusé l'intégration car il progressait très bien au sein de l'école intégrée.
L'avantage de Dennis est qu'il évolue principalement en milieu entendant au sein de la famille. Ses frères, sa grand-mère, ses tantes et cousins/cousines ne signent pas ou plus et ne codent pas. Dennis s'est donc adapté par la force des choses.

Nous pensons principalement à son bien-être, à sa joie de vivre dans sa petite école, à son bonheur de partir tous les jours à l'école le coeur léger et la paix dans l'âme.
Pourquoi devrait-on lui enlever tout cela pour le plonger dans un univers qui risque fort de le bloquer, de le frustrer et de le rendre malheureux.
Il est avide d'apprendre, s'intéresse à tout, pose constamment des questions et participe à toutes les activités qui se présentent à lui.

Dennis est une belle fleur gorgée de soleil, nous ne souhaitons pas que cette jolie fleur perde son éclat et se fane tout simplement.


Pour Mathilde,

Dennis est élevé dans trois cultures : car nonobstant le fait qu’il soit sourd, je suis francophone et mon mari est anglophone.
Ce matin, Dennis était dans sa chambre et appelait son papa. A mon grand étonnement, il s’est adressé pour la première fois à son papa en anglais et lui a dit : « do come up Daddy please » (monte papa s’il te plait).
Nous ne devons pas sous-estimer nos enfants.
Ils sont des montagnes de trésors parfois enfuis mais il suffit de creuser un petit peu, non ? tout en restant patient!!!


Pour Patricia,

Nous utilisons des piles rechargeables, donc il n’y a pas de problème. Cependant, lorsque Dennis passera du boîtier qu’il porte dans un petit sac à dos au contour d’oreille, là nous devrons utiliser des petites piles rondes.
A notre connaissance, il n’existe pas encore de chargeur pour ce type de piles sur le marché.
Les frais seront donc à notre charge mais certaines associations pratiquent des prix intéressants sur la vente des piles pour les appareils auditifs.
Lorsqu’il y a une pièces défectueuse, c’est notre caisse maladie qui prend en charge les frais de remplacement et de réparations.

Je vous souhaite à toutes et tous une bonne journée,

Danielle


Source : FFSB





Re: Demande conseils_Avons découvert la surdité de Raphaël, 22 mois, il y a 3 jours
Envoyé par: Marc Sandront(---.teledisnet.be)
Date: lun 31 octobre 2005 21:17:20

Mon fils a trois ans et nous avons découvert sa surdité à l'âge de 5 mois (dépistage précoce, par hasard).
C'est une nouvelle difficile à digérer, très difficile.
Mais la surdité c'est pas si grave.
Mon fils , tout comme le votre, joue, vit, caline communique, fait le fou,...
Bref, quelque part c'est un enfant comme les autres, enfin c'est ce que je ressens.
Je suis convaincu que mon fils saura s'adapter et grandir normalement.
Il traversera la rue tout seul, fera du vélo, du sport,...
Bon, c'est clair qu'il ne deviendra jamais un virtuose du violon ou du piano (quoi que...).
Selon moi, le plus important est de trouver un moyen de communiquer avec son enfant sourd .
Il y a de nombreuses possibilités pour y arriver, mais, de mon avis, la meilleur est la langue des signes.
Le meilleur conseil qu'un médecin ne nous ait jamais donné, c'est d'apprendre la langue des signes.
Bon, cool, un enfant de 22 mois n'a pas encore besoin de beaucoup de vocabulaire, donc pas de précipitation.
Communiquer en langue des signes avec mon fils c'est une manière de reconnaitre sa différence.
Et, au fur et à mesure, de découvrir que cette différence, la surdité est porteuse de richesses insoupçonnable.
Communiquer, c'est une lutte, l'école c'est une lutte,...
Mais que de satisfactions.
Les médecin vous proposerons toute une série de prothèses de toutes sorte : appareils auditifs, implant cochléaires,...
Cela peut aider, mais le plus important est de communiquer.
D'après votre témoignage c'est ce que vous faites déjà, les jeux, les calins, les premiers mots.
Vous trouverez un mode de communication, j'en suis sûr.
Il sera sans aucun doute différent de celui que j'emplois.
Mais d'après ce que je lis dans votre témoignage, je suis sûr d'une chose : vous y arriverez.
Tenez bon, vous n'êtes pas seul...

Si vous voulez plus de renseignement sur mon expérience n'hésitez pas à m'envoyer directement un mail. Je vous donnerais plus de renseignement.

De Huy, près de Liège.
Marc


Source : FFSB




Re: Débat sur l'implant à l'attention de Patricia et Angélique
Envoyé par: denis aubrée(---.cust.tele2.fr)
Date: ven 30 septembre 2005 22:28:51

bonjour
ma fille elsa 7 ans est actuellement en CLIS en ce1 dans une ecole à environ 3/4 heure de la maison .
Je trouve que ce systeme de CLIS est tres bien pour les enfants implantés mais malheureusement il n'y a pas ou tres peu d'équivalence au college .
Je trouve ça innadmissible ,on prend l'enfant sourd par la main jusqu'au cm2 puis on le lache en lui souhaitant bonne chance pour l'integration .

Source : FFSB





Re: bb 21mois sourd profond 3èdegré.besoin de contact avec parents dans mon cas
Envoyé par: Jean-Marc (---.Namur.GoPlus.FastDSL.tiscali.be)
Date: dim 10 juillet 2005 00:34:11

Bonjour Mathilde,

Je suis le papa entendant de deux enfants sourds et comme Patricia, je comprends aussi ce que vous pouvez ressentir.
Voici mes impressions sur ce que je vis avec eux, avec un peu d'historique de leurs situations.
Ce que je vais écrire n'engage que moi et je ne prétends certainement pas détenir la vérité, loin de là.

Notre ainé, Corentin (un copain du fils de Patricia ;-) ), a six ans et demi: nous avons découvert sa surdité assez tard, vers 18 mois; comme pour tous les parents entendants, ce fut un choc, les questions s'accumulent, on aborde un sujet qui est quasiment inconnu; nous avons décidé relativement vite de l'implanter: de fait, nous avons suivi le conseil des médecins: plus tôt on implante, meilleurs sont les résultats.
Nous avions entendu que des sourds n'étaient pas favorables à ce fameux implant cochléaire, mais nous nous sommes dits que si Corentin (et plus tard sa petite soeur sourde) décidait un jour de ne plus l'utiliser, ce serait son choix mais à deux ans, nous, parents, devons choisir à sa place: nous ne voulions pas qu'un jour, il nous reproche de ne pas l'avoir implanté quand il était encore temps.
Malheureusement, pour Corentin, une infection a compliqué sérieusement les choses: au total, quatre opérations réparties sur un an ont été nécessaires pour que l'implant soit enfin opérationnel.
Toutes ces opérations l'ont marqué, mais je pense qu'avec le temps ainsi qu'avec l'amour et l'attention de tout son entourage (famille, logopède, école...), les cicatrices morales se sont bien refermées.

Suite à tous ces retards, les résultats se sont fait attendre plus longtemps: Corentin communique grâce à la langue des signes et commence tout doucement à utiliser des mots français.
La langue des signes est vraiment sa langue naturelle qu'il continuera à utiliser de mieux en mieux, du moins je je l'espère; mais pour pouvoir écrire et lire (il entre en 1ère primaire en septembre), il va devoir utiliser une langue "étrangère", le français qui est aussi une langue orale, donc, qu'il faut entendre pour l'apprendre plus facilement, d'où l'intérêt d'un appareillage (prothèses, implants cochléaires et autres futures techniques) qui l'aidera, même imparfaitement, à entendre.
Voilà une raison qui me fait penser que la surdité est bien un handicap.

Sur un plan plus émotif, je pense que Corentin aime entendre: voici quelques jours, un matin quand il s'est levé, j'ai été surpris: il m'a demandé d'écouter un disque; il l'a choisi en fonction de la couleur: c'était la vieille compilation "rouge" des Beatles: il a écouté, je lui ai demandé s'il aimait la musique et il m'a fait signe que oui (et il n'a pas dit ça pour me faire plaisir).
Vous savez, un de mes plus grands regrets quand j'ai appris la surdité de mes enfants, c'était qu'ils ne puissent pas apprécier la musique, le chant des oiseaux, le bruit du vent dans les arbres...
Dans ce cas, je considère la surdité comme un handicap émotionnel et culturel.
Mais un des premiers sons qui ont impressionné positivement Corentin, c'était le bruit des vagues.

Quand notre première fille, Maëline, est née, nous avons fait rapidement les tests pour savoir si elle était sourde et nous avons été tout de suite rassurés: elle entendait.

Notre deuxième fille, Morgane, est née l'an passé et nous avons aussi fait les tests à la sortie de la maternité, et on a vite constaté qu'elle était sourde aussi.
La nouvelle a été plus facilement acceptée car nous savions où nous allions.
Pour son premier anniversaire, son implant était opérationnel et après quelques semaines où elle se demandait quel était ce truc sur sa tête et qu'elle s'empressait de mettre en bouche, elle le garde sans problème.
Quand on lui branche, elle se met instantanément à "vocaliser" et elle a l'air de bien aimer.
Je me demande alors si l'être humain n'est pas programmé pour être un animal parlant (cela me fait penser au rejet de la notion de "sourd-muet") et pour cela il faut qu'il entende...

Enfin pour répondre à votre question sur la langue des signes, et pour confirmer ce qu'a dit Patricia, c'est une langue à part entière comme toute langue orale, avec toute la richesse que cela peut supposer.
Je pense aussi que c'est bien de l'apprendre et de l'utiliser avec ses enfants sourds, même implantés.
Car là je rejoins Arnaud, mes enfants restent sourds, c'est évident, et je l'accepte et j'essaie d'utiliser la langue des signes autant que possible et le mieux possible.

Pour en revenir à cette notion de "handicap", la surdité pose problème (= est un handicap) dans des situations vécues comme celles-ci: quand je suis à vélo avec mon fils, il ne peut pas entendre quand une voiture arrive derrière lui, ou quand je suis derrière lui (par sécurité) je ne peux pas lui dire qu'une voiture s'approche ou qu'il faut tourner à gauche ou à droite...
En voiture, je conduis et lui est derrière, et il est difficile et dangereux de communiquer clairement avec lui en langue des signes.

En conclusion de cette longue (désolé) intervention qui est une réponse tant à Mathilde qu'à Arnaud, à mon humble avis de papa d'enfants sourds, la surdité n'enlève absolument rien aux qualités humaines des sourds qui sont des gens comme tout le monde, mais il s'agit bien d'un handicap pour les raisons que j'ai évoquées ci-dessus et qui peut être en partie atténué par la technique.
Mais pour que les sourds gardent leur identité, il leur faut aussi la langue des signes et l'implant ne signifie pas la mort de la langue des signes et ne sera pas un nouveau "Congrès de Milan".
Dans le même ordre d'idées, il est urgent que les autorités politiques prennent conscience que la langue des signes devrait être de plus en plus valorisée, notamment dans l'enseignement (pensons à l'enseignement bilingue "français-langue des signes").

Dans l'attente de vos réactions...

Bien sincèrement,

Jean-Marc



Source : FFSB





Re: bb 21mois sourd profond 3èdegré.besoin de contact avec parents dans mon cas
Envoyé par: Mathilde Derok(---.Lindthout.GoPlus.FastDSL.tiscali.be)
Date: jeu 7 juillet 2005 22:18:52

arnaud B.

je profite du peu de temps libre que j'ai pour vous répondre.
je crois que je comprends votre point de vue. je vous donne le mien;
mon fils est sourd et je pense que c'est ce qu'il a de plus beau.
mon fils sera implanté et cet implant n'a que 80% de chance de réussite.
je peux donner une chance à mon enfant de découvrir ce que c'est que d'entendre de même que je souhaite lui proposer de monter à cheval d'apprendre des langues étrangères ou de jouer d'un instrument de musique.
pourquoi l'en priverais-je?
et non son audition ne sera jamais la mienne et oui il restera sourd toute sa vie. je commence l'apprentissage de la langue des signes(elle sera SA langue maternelle) en même temps que lui.
et si J'ai une chance d'entendre un jour mon enfant m'appeler "maman" je veux la saisir
et s'Il a une chance d'écouter un jour le chant de l' oiseau ce n'est pas moi qui l'en priverais.

bien à vous
merci à tout le monde pour vos réponses le débat est ouvert

Source : FFSB




Re: Débat sur l'implant
Envoyé par: angélique (---.adsl.euphonynet.be)
Date: mar 25 janvier 2005 22:38:32

Bonjour tout le monde,

Je viens de lire tous vos témoignages et ils m'ont apportés beaucoup de réconfort...savoir que l'on est pas seul fait tellement de bien.
Je suis la maman d'un petit Lucas qui a actuellement 11 semaines, notre premier bébé, tant attendu, né le jour de mon anniversaire!!!.
Son papa et moi sommes tous deux entendants et il n'y avait aucun cas de surdité dans nos familles respectives aussi loin que l'on remonte dans les générations précédentes.
Lucas est sourd profond bilatéral du 3ème degré et le diagnostic est "tombé" lorsqu'il avait 19 jours (à la maternité où j'ai accouché, on pratique le test des oto-émissions systématiques en vue d'un dépistage précoce de la surdité; le test était négatif pour Lucas, à 3 reprises mais on nous a dit de ne pas nous inquiéter, qu'il s'agissait probablement d'un peu de liquide amniotique resté dans les oreilles .
Deux semaines plus tard, lors de la visite chez le pédiatre, je repasse pour refaire le test.......qui s'avère une nouvelle fois négatif!
L'ORL décide de pratiquer un "potentiels évoqués" qui met à jour le problème de Lucas).
Voilà pourquoi je dis "tombé" en parlant du diagnostic car l'ORL m' a balancée, entre deux portes et en précisant qu'elle avait "encore 40 autres patients derrière....bon, ben ,voilà......votre fils est sourd profond.......je vous propose un rendez-vous pour dans un mois pour confirmer mais , vous savez, il n'y aura pas d'amélioration".
Le monde s'est dérobé sous mes pieds...
je suis passée du septième ciel aux entrailles de l'enfer en l'espace d'un instant. J'ai senti mon sang se glacer et ma vie a basculé.
Quoi? Comment?
C'est impossible, Lucas est si éveillé; il réagit au mobile au-dessus de son lit, il se réveille quand on entre dans sa chambre.....
ma grossesse s'est très bien passée, pas de toxo, pas de cmv.....
c'est une erreur!
Un autre ORL, chez lequel nous nous sommes rendus qqles jours plus tard a confirmé nos craintes et nos angoisses qui allaient "crescendo", mais il a lui, fait preuve de beaucoup de chaleur humaine, de tact,de psychologie....et d'espoirs.
Alors nous avons pleuré, surtout moi, la maman......
toutes les larmes de mon corps, jours et nuits;j'ai connu la plus grande souffrance de toute mon existence qui, pourtant, avait été riche en chagrins.
Je suis passée par tous les stades:le denis,la peur que mon enfant ne puisse jamais parler, l'angoisse, la culpabilité d'avoir donné la vie à un enfant "qui ne serait jamais comme les autres",la souffrance si intense qu'elle empêche de dormir, la révolte (pourquoi nous?) , la "honte" vis-à-vis des gens de mon entourage (au début, nous n'osions en parler à personne....
c'était très dur de se l'avouer, de l'accepter, d'en parler.....dans le cadre d'une naissance , tout le monde nous félicitait pour ce nouveau bonheur....et nous nous refermions sur nous-mêmes, n'ouvrant plus la porte aux visiteurs).
Et doucement, l'idée s'est insinuée en nous, nous avons dû faire le deuil de "l'enfant parfait" que nous espérions à travers les yeux de Lucas.
Nous avons trouvé la force de nous battre dans les sourires, dans la joie de vivre de notre petit bonhomme.
On a appris à relativiser: il est là Lucas, il est si beau, si vif, il aurait pu souffrir d'une pathologie plus grave condamnant son existence, il aurait pu "ne pas être là", il aurait pu avoir un autre handicap beaucoup plus lourd et invalidant le faisant souffrir, l'empêchant d'être heureux...il est en excellente santé, il pousse comme un chou....et puis, s'il n'entend pas....il n'en souffre pas physiquement( ni moralement d'ailleurs).
Il sait clairement manifester ce qu'il désire tant son visage est mobile et expressif..Il vocalise du matin au soir......c'est un grand bavard (comme sa maman, vous l'aurez deviné).
Au centre de réadaptation de l'ouïe et de la parole, nous avons trouvés une aide précieuse , des conseils, un suivi.
Lucas a été appareillé ce matin,et, apparemment, il aime beaucoup ses prothèses car il pleure quand on lui enlève....enfin, c'est peut-être un peu tôt pour le dire, mais bon! Avec mon mari, nous avons décidé d'implanter Lucas....il le sera probablement aux alentours du mois de mai.
Nous avons choisi cette solution , non pas pour "réparer" notre petit garçon....
Lucas est sourd profond et il le restera.
Aujourd'hui nous avons complètement intégré sa surdité, nous l'acceptons parfaitement et nous savons que le parcours que nous allons devoir suivre sera long et semé d'embûches.
Nous avons rencontrés des parents qui ont connus la même "épreuve" que la nôtre, nous nous sommes intéressés de très près au Monde Des Sourds, à leur Culture...et nous y avons été enchantés.
C'est un monde plein de joies, plein de vie,de chaleur , un Monde tellement sensuel d'une sensibilité exacerbée...... ce sera le monde de Lucas et le nôtre aussi. Lucas sera différent mais cette différence est une richesse, en fait........
J'apprends actuellement la dactylologie, j'ai des amis qui m'ont donné des lexiques pour la Langue des Signes et je compte suivre les cours du soir en octobre (dommage que cela ne puisse se faire avant), j'ai hâte de suivre un stage de LPC...
je me débrouille toute seule et je connais déjà pas mal de mots....
Il faut dire que je suis.......prof de langues (si!), j'enseigne le Néerlandais, l'Anglais et l'Allemand.....aujourd'hui,j'apprends une nouvelle langue, je découvre une nouvelle culture.
Nous allons élever Lucas dans le respect de Sa culture, celle des Sourds mais nous avons choisi pour lui, de lui donner accès au Monde des Entendants via l'implant cochléaire afin de lui ouvrir les portes des deux Mondes.
Sa surdité, nous la considérons comme une richesse....plus tard, il choisira lui-même, le Monde qu'il préfère et nous l'accompagnerons dans son choix.
S'il ne veut plus de son implant, s'il ne veut que signer, il retirera la partie externe de celui-ci..... nous lui aurons donné la possibilité d'accéder au Monde de l'Oral....il ne pourra pas nous le reprocher.
Aujourd'hui, la vie est belle.
Nous sommes heureux et fiers d'avoir un petit garçon sourd.
Notre entourage réagit toujours avec une mine déconfite quand nous leur annonçons la surdité de Lucas, nous plaignant et nous disant que nous n'avons pas de chance et devant nos sourires et notre joie de vivre, il n'y comprennent rien.
Nous le clamons haut et forts, nous avons eus de la chance, enfin.....Lucas a eu de la chance car sa surdité fait de lui un petit être hors normes, qui pourra évoluer, nous l'espérons, dans les deux Mondes.
Depuis peu, nous nous sommes affiliés à L'APEDAF, on se documente énormément sur la surdité, la Langue des Signes, le Français Signé, le LPC, l'AKA......j'aimerais bcp avoir des nouvelles du petit garçon de Patricia....
Comment va-t-il? Où en sont ses progrès?
J'aimerais aussi bcp recevoir vos témoignages, vos réflexions ;).......positives, négatives.
Je vous embrasse tous.....

Angélique, maman comblée, fière et heureuse d'un petit garçon "plus que parfait"

Source : FFSB

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