Ce blog constitue un recueil de témoignages issus du forum de la Fédération Francophone des Sourds de Belgique

Implant versus LS ?



Disparition de la communauté sourde : les causes
Envoyé par: RETTMANN Nicolas(---.219.143.132.adsl.dyn.edpnet.net)
Date: jeu 19 octobre 2006 22:02:03

Bonsoir à tous,

Je viens de lire ‘en diagonale’ tous vos échanges... repris sous :

[www.ffsb.be]

Plutôt que de creuser davantage ce débat, je me bornerai de répondre à la question de Candice à savoir si la Communauté sourde pourra-t-elle disparaître ?!

Il faut savoir que cette communauté est composée de personnes sourdes, malentendantes ET également entendantes (ce que certains d’entre-vous auraient omis d’inclure).
Des entendants peuvent en effet être issus d’une famille de sourds et/ou malentendants. Je pense à ceux qui sont les interprètes de nos jours.

Une disparition de la Communauté ?
Je cite plutôt d’abord la langue des signes où sa maîtrise ne peut être assurée que si elle est pratiquée au sein d’une communauté de manière permanente et durable.
Je ne parle pas des cours de langue des signes mais de rencontres spontanées entre personnes où une culture peut être développée.

Dans un certain ordre, je dirais que la disparition risque d’affecter en premier lieu la langue des signes, ensuite la communauté le pratiquant et déjà minoritaire et par conséquent sa culture.

Voici une liste énumérée des causes qui, d’après mon vécu, pourraient amener à cette disparition :

* Dépistage : Ce procédé a existé et se perpétuera. Certes, il faut savoir que l’usage en France diffère de la Belgique (mais cela ne risque pas de tarder chez nous) où un suivi quasi systématique est de rigueur avec à la pelle : l’implantation offerte à l’enfant, où la décision incombe aux parents.
La génération future sera composée de personnes implantées. D’ailleurs l’implant et l’oral ira de pair dans le suivi de l’enfant.

* Eugénisme : Ceci n’est pas neuf... avec comme résultat actuel : la prévention génétique (détection de la connexine 26). En quelque sorte de la stérilisation préventive... toutefois le dernier mot appartiendra aux parents d’avoir un enfant.
En outre, rien n’empêchera encore actuellement les professionnels que certaines personnes deviennent malentendantes ou sourdes... !

* Intégration : L’enfant est invité à réussir sa scolarité. Ses efforts devraient se focaliser dans ses études au détriment des loisirs et contacts avec d’autres sourds ou malentendants. Sa famille est généralement plutôt réticente aux activités proposées aux sourds et malentendants. L’enfant pourra toujours connaître la communauté mais tardivement.

* Oralisme : Au vu de l’intégration, le sourd acquiert un langage oral qu’il entretiendra avec quelques personnes « bienveillantes ». Cela lui semblera ainsi que pour son entourage suffisant et se confortera à un minimum de contact voire superficiel. Il tiendra quotidiennement un rôle accessoire dans la société, à l’exemple d’un film noir et blanc où les rôles de domestique, serveur, etc. étaient attribués aux sourds. La langue des signes lui sera-t-elle également apprise ?

* Rôle secondaire : Plus tard, la personne disposant pourtant d’un très bon bagage oral et de français écrit a du mal à devenir un acteur sur le terrain dans la Communauté.
Ex : gérer une activité de groupe, donner une conférence, etc. Au contraire, c’est souvent une personne issue d’une école pour sourds qui, malgré les limites de ses connaissances, aura beaucoup plus d’aisance et donc d’autonomie dans une organisation.
Il a été habitué à vivre dans une Communauté. Comme Bernard le Maire me l’a apprit, nous avons besoin de LEADERS (= meneurs) de tout âge.

* Education : Certains parents sourds, entendant et sourd, etc. recourent uniquement au langage parlé avec leurs enfants entendants... Bien que ces parents connaissent la langue des signes...
Ils la délaissent au profit de l’oral. Nous risquons d’avoir moins de chance de trouver des interprètes dans cette nouvelle génération.

* Participation : Au vu de l’éventail des possibilités offertes (consommation tout azimut, TV, voiture, etc.), la participation est moindre aux activités culturelles et sportives, activités surtout propices aux rencontres et donc à l’essor de la langue des signes.

* Désinformation : Beaucoup de personnes, par manque d’information, rejoignent les sectes dans l’espoir d’un meilleur encadrement. Pouvons-nous dire que ces personnes font toujours partie d’une communauté au sein de la société ?

* Incorporation : Il existe un intérêt de certaines associations ou fédérations pour handicapés à inclure les structures existantes de chez nous dans leur organisme. Ceci a pour effet une modification progressive au sein de leur organisation interne avec comme risque majeur : les sourds et malentendants seront voués à une fonction réduite. Cas actuel : Ligue Handisport Francophone (regroupant les aveugles, moteurs et cardiaques) souhaitant la dissolution de la Ligue Sportive Francophone des Sourds, unique fédération sportive pour sourds.

* Relève : La transmission de la culture de personnes sourdes et/ou malentendantes se fait-elle réellement ? La délégation de responsabilités laisse encore à désirer chez nous. La nouvelle génération sera-t-elle prête à assumer en cas d’urgence...

Voyons à présent l’autre facette de la médaille... de manière plus positive donc !

Malgré le Congrès de Milan, l’évolution technologique, etc... les associations ont réussi à se maintenir (Foyer de Liège existant depuis 1864 – appelé dorénavant Sur’Cité) et d’autres ont vu le jour depuis début de notre siècle précédent... avec point de mire : la création des fédérations nationales telles que la F.F.S.B. et ses services ainsi que des fédérations internationales telles que l’I.D.C. (dénommée auparavant C.I.S.S.), fédération sportive co-fondée par un belge (Antoine Dresse) et par un français (Eugène Ruben-Alcais).
Ces structures actuelles ont permis et permettent, malgré l’engouement médical vis-à-vis de la surdité, d’assurer l’existence de cette Communauté.
C’est grâce à ces structures que nous trouverons toujours une poignée de LEADERS qui défendront la Communauté, la langue des signes et sa culture !
Que notre langue soit respectée et nous serons en mesure de nous ouvrir à toutes les langues.

Nicolas

Source : FFSB




Re: Cherche témoignages de parents d'enfant sourd détecté à 18 mois
Envoyé par: candice(---.w86-195.abo.wanadoo.fr)
Date: jeu 3 août 2006 13:20:06

bonjour, je comprends votre désaroi auquel s'ajoute (pour le moment) la divergence d'opinion avec votre époux.
Au sujet de la compatibilité voire potentialisation des effets conjoints de la LS et de l'implant vous trouverez sur le net des articles interessants de Benoit Virole (psychologue spécialisé entre autre dans l'accompagnement des enfants sourds) .
Son site est une mine d'info et entre autre, un article m'avais beaucoup interressée "implant cochléaire et langue des signes, une cohérence fondatrice".
Quand votre mari sera disponible (il faut parfois le temps pour digérer le deuil et chacun a ses modalités) vous pourrez lui proposer d'étudier ces articles.
Bon courage

Source : FFSB





Re: Dialogue de sourds
Envoyé par: Bernard le Maire(194.29.98.---)
Date: lun 16 janvier 2006 16:22:03


Cher Exoseth,

Auteur: Bernard (194.29.98.---)
Date: 03-10-2005 13:45

Je répète mon ancien texte pour exprimer mon opinion personnelle sur les implantés cochléaires (les sourds implantés ne sont pas vraiment des robots ...) :

Cher Arnaud,

Je suis tout à fait en harmonie avec ta dernière phrase : Ah si, une seule ou même deux différences: non douleureux pour les sourds et beaucoup moins cher que l'implant....
Avec l'argent économisé dans les implants, on pourrait investir dans les recherches technologiques, humaines, sociales et éducatives....

Voici mon message pour les parents entendants (en prenant l'idée d'Arnaud) : Je ne suis pas contre les implants cochléaires MAIS dû à leur ignorance de la culture et de la vie des sourds, les médecins décident trop vite d'implanter n'importe quel enfant sourd donc, à mon PROPRE AVIS, à peu près 80 % des sourds implantés ne progressent pas plus loin que les sourds non-implantés tandis que les 20 % à peu près (surtout des enfants sourds qui acceptent leur surdité et dont les parents savent qu'ils resteraient TOUJOURS sourds malgré leur implant cochléaire, respectent surtout la langue des signes et la culture des sourds, prennent le plaisir de communiquer énormément (avec bcp d'affection) avec leur enfant sourd implanté: oralement et aussi en langue des signes alors ces 20 % pourraient aller très loin en intégration avec les enfants entendants et communiquer mieux avec les entendants mais restent en contact avec les sourds bien sûr !!
De plus, beaucoup parmi ces 80 % enfants "ratés" font partie du milieu familial défavorisé ......

Donc ces 80 % représentent énormément de l'argent jeté par la fenêtre (car les implants cochléaires sont 100 % gratuits à mon étonnement ...) : cela pourrait compter des millions d'euros qui devraient très facilement apporter des sous-titres à TOUTES les émissions de télévision en Belgique, former beaucoup de professionnels sourds (= excellents modèles pour enfants sourds) dans la section éducation (instituteurs, régents, éducateurs, spécialistes en communication, psychologues, assistants sociaux etc ...), et aussi des dizaines de nouveaux interprètes en LS qui pourraient assister aux enfants sourds integrés aux écoles primaires, secondaires et supérieures et aussi aux universités et encore bcp d'autres avantages (par exemple, plusieurs clubs pour les sourds en Belgique ont des difficultés financières ...). J'ai rencontré des étudiants sourds qui ont abandonné leurs études par MANQUE d'interprètes en LS ..........

Réfléchissez bien avant d'implanter votre cher enfant ...

Bernard


Source : FFSB





Re: Débat sur l'implant
Envoyé par: Laurence(---.242.81.adsl.skynet.be)
Date: sam 11 juin 2005 18:37:18

Certes, les enfants implantés vocalisent mieux que ceux qui ne sont pas implantés... mais parlent-ils mieux ?
Maîtrisent-ils mieux la langue, construisent-ils la langue ?
Implant, pourquoi pas, mais bilinguisme indispensable, seul gage d'une vraie intégration dans la société.
Aujourd'hui on assiste à ce paradoxe que de plus en plus d'entendants apprennent la LS... mais que de plus en plus de petits sourds en sont privés... comme si le bilinguisme était dangereux.
Ce qui est dangereux, c'est le déni de surdité, c'est refuser de voir en face qu'un sourd reste sourd (s'il est implanté et qu'il coupe son implant, il reste sourd) et que la connaissance la plus précoce possible de la LS chez l'enfant, lui permettra de parler... son implant lui permettra de vocaliser... le médecin qui m'a expliqué cela rencontre régulièrement des sourds victimes de cet oralisme excessif qui leur a fait rater le rendez-vous avec la langue des signes... ils sont capables de lire un texte à haute voix, mais ils n'en comprennent pas le sens... ne pas mélanger parole et vocalisation...

Source : FFSB

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